Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La Namibie veut mettre fin au financement occulte des partis politiques


Le président de la Namibie Hage Geingob à Londres, le 1er décembre 2016. (Photo REUTERS/Stefan Wermuth)
Le président de la Namibie Hage Geingob à Londres, le 1er décembre 2016. (Photo REUTERS/Stefan Wermuth)

Le président de la Namibie Hage Geingob a annoncé dimanche une série de mesures visant à mettre fin au financement occulte des partis politiques dans le pays.

Désormais les partis politiques namibiens doivent révéler la source de leurs financements dans les 30 jours après avoir reçu une contribution. Le président a également annoncé que les contributions sont désormais plafonnées à 4 millions de dollars namibiens par donateur namibien et à 2 millions de dollars namibiens pour tout contributeur étranger.

Des mesures qui visent à redorer le blason du parti au pouvoir, SWAPO, dont il est le président en exercice, indexé dans le cadre du scandale de corruption dénommé "Fishrot".

La semaine dernière des témoins ont affirmé devant un tribunal que des cadres du parti-État auraient perçu des pots-de-vin dans le cadre de ce scandale de corruption présumée qui défraie la chronique dans le pays depuis des mois.

Révélé par des journalistes d'investigation avec l’aide d'un dénonciateur, le scandale "Fishrot" (poisson pourri) est lié à l’attribution des permis de pêche industrielle, l'un des secteurs économiques les plus lucratifs de ce pays côtier d’Afrique australe.

Le président Geingob, dont le discours de dimanche a été diffusé en direct sur le réseau social Periscope, a nié toute implication du parti dans ce scandale. Il a toutefois reconnu que certaines brebis galeuses au sein de SWAPO pouvaient avoir reçu des avantages indus.

Pour la secrétaire générale du parti, Sofia Shaningwa, il y a lieu de faire une distinction entre le parti et des individus qui en sont membres.

"Le parti SWAPO n'a pas reçu un seul centime de ce qu'on appelle Fishrot", a déclaré Mme Shaningwa.

"Si quelqu’un a reçu de l'argent sale, le gouvernement et la machine institutionnelle vont le rattraper", a ajouté le vice-président de la Namibie, Nangolo Mbumba.

"La corruption existe partout", a avoué le président Geingob devant les journalistes au siège du parti à Windhoek, la capitale. "Ce qui compte, c'est la façon dont les institutions y font face", a-t-il ajouté.

M. Geingob, 78 ans, a été la première personne à occuper le poste de Premier ministre lors de l'indépendance de la Namibie en 1990, sous le premier président du pays, Sam Nujoma. Il a quitté ce poste au bout de 12 ans, en 2002, avant d’y revenir en 2012 sous l'ancien président Hifikepunye Pohamba, qui lui a passé le relais à la tête du pays en 2015. Réélu en 2019, il a prêté serment pour un second mandat de 5 ans en mars.

Le président Geingob a rappelé qu'il avait tenté de montrer le bon exemple en divulguant ses avoirs et ceux de sa femme "sans aucune obligation légale de le faire". Il a aussi tenu à rappeler le rôle "instrumental" qu’il avait joué dans la mise en place de l’Agence nationale de la lutte contre la corruption (ACC), qui s’est constituée partie civile dans le cadre du procès "Fishrot".

M. Geingob a également révélé qu’il avait personnellement, avec le vice-président, exigé la démission de deux ministres nommés dans le scandale "Fishrot". "Je leur ai demandé de démissionner sinon ils seraient limogés", a précisé le Président Geingob. Avant d’ajouter : "Ils sont présumés innocents jusqu'à ce qu'ils soient reconnus coupables".

Finis les dons aux candidats

En plus des dispositions générales applicables à tous, le parti SWAPO a des exigences supplémentaires. Dorénavant, aucun candidat du parti ne sera autorisé à percevoir directement des contributions financières. Seul le comité des finances du parti est désormais habilité à collecter les dons.

"SWAPO va faire une introspection pour voir où nous avons fait fausse route et on va s'attaquer à ces problèmes", a déclaré le chef de l'État namibien.

Depuis son apparition l'année dernière, le scandale "Fishrot" continue de pourrir la vie au sein du parti. Deux anciens ministres ont été inculpés (Bernhard Esau, chargé de la pêche et son collègue de la justice, Sacky Shanghala), ainsi que d'autres personnes. Ils sont en détention en attendant leur procès.

Une aubaine pour l'opposition

L'opposition namibienne, historiquement faible, tente de s'appuyer sur ce scandale pour augmenter son poids sur le terrain.

Bernadus Swartbooi, le leader du Mouvement des sans-terre (LPM), le troisième plus grand parti politique du pays avec quatre sièges au Parlement, a récemment provoqué un tollé en traitant de "voyou" le président fondateur Sam Nujoma, âgé de 91 ans.

La création même du LPM est en soi le reflet des troubles au sein de SWAPO. M. Swartbooi, 42 ans, est un ancien membre du parti qui a occupé le poste de ministre délégué sous le président Geingob jusqu'à son limogeage en 2016. Le LPM plaide pour la restitution des terres arrachées aux populations indigènes pendant la période coloniale.

La deuxième plus grande formation politique du pays, le Mouvement démocratique populaire (PDM) dirigé par McHenry Venaani, a presque triplé le nombre de ses sièges parlementaires lors des dernières élections qui se sont déroulées sous l’ombre du scandale "Fishrot".

XS
SM
MD
LG