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Le Ghana se rêve en nouveau paradis du surf


Un homme se tient sur une baleine morte le 5 septembre 2013 à Kokrobite, un village côtier juste à l'extérieur d'Accra.
Un homme se tient sur une baleine morte le 5 septembre 2013 à Kokrobite, un village côtier juste à l'extérieur d'Accra.

A Kokrobite, havre des rastas du Ghana, Brett Davies n'a qu'une envie : transformer cette ville côtière d'Afrique de l'ouest en un spot de surf mondialement connu et booster ainsi le secteur touristique et l'économie ghanéenne.

"Ce qu'il y a de plus merveilleux dans le fait de surfer au Ghana, c'est que nous avons des vagues de classe mondiale qui plaisent aux débutants et aux intermédiaires, le tout sur des plages désertes", s'enthousiasme Brett, propriétaire d'une école de surf dans ce paisible pays.

Difficile de mettre la main sur ce Britannique de 42 ans qui slalome sur la plage, parsemée de bateaux de pêcheurs enfoncés dans le sable, entre les rastafariens qui vendent des t-shirts bariolés et les enfants qui s'amusent sur le rivage : tout doit être fin prêt pour la compétition internationale de surf qu'il organise chaque année.

Des surfeurs de 20 pays différents se sont ainsi déplacés à Kokrobite, à 30 km d'Accra, pour l'occasion, en juin.

Emmanuel Ansah chevauche les vagues, maniant adroitement sa planche pour attirer l'attention des juges installés sur un ponton en bois tourné vers l'océan.

Le jeune homme de 19 ans vient de Busua, près de la frontière ivoirienne, où Brett Davies a contribué à faire du surf un sport populaire.

La première fois que ce jeune Ghanéen est monté sur une planche, cinq ans auparavant, il était "tellement heureux" que c'était "comme avoir une nouvelle petite amie", raconte-t-il.

Il aspire à représenter un jour son pays dans des compétitions à l'étranger et veut lui aussi faire du Ghana une destination privilégiée de surf.

- Un potentiel énorme -

Avec 550 kilomètres de côtes préservées, des plages dorées bordées d'arbres, "le surf a un potentiel énorme", explique Gilbert Abeiku Aggrey, un spécialiste du tourisme au Ghana. "Il y a encore tout à faire sur nos plages", ajoute-t-il.

Selon la Banque mondiale, 897.000 touristes ont visité ce pays en 2015, dix fois moins qu'en Afrique du Sud (8,9 millions).

Toutefois, le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC) -- qui regroupe une centaine d'entreprises du tourisme dans le monde dont des poids lourds du secteur -- estime que ce chiffre pourrait atteindre 1,3 million cette année, voire plus de 2 millions d'ici 2027.

En 2016, le tourisme a généré 1,3 milliard de dollars de recettes touristiques directes pour l'économie ghanéenne, l'équivalent de 3% du PIB annuel du pays.

Au Ghana, les touristes sont généralement attirés par les parcs nationaux et les nombreuses chutes d'eau, ainsi que les forts côtiers, anciens lieux de transit des esclaves pendant la traite négrière, à l'instar de celui de Cape Coast, un site inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco que l'ancien président des Etats-Unis Barack Obama avait visité en 2009.

Le coût élevé de l'hébergement et des transports au Ghana a toutefois souvent été accusé de faire fuir les touristes. Une nuit en chambre double dans un hôtel trois étoiles à Accra coûte en moyenne 100 dollars, tandis que les tarifs des vols en Afrique de l'Ouest sont eux aussi importants.

- Séduire les classes moyennes -

Le nouveau gouvernement ghanéen, arrivé à la tête du pays en janvier, veut s'appuyer sur le tourisme pour faire prospérer le front de mer d'Accra, pauvre et sous-développé. Il a conçu un projet d'aménagement de 100 hectares du littoral en y implantant des centres commerciaux, des parcs d'attraction ou encore un casino.

Pour le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, le tourisme pourrait aider à réduire la dette galopante et le taux de chômage élevé. Le Ghana, autrefois un modèle de croissance, a enregistré un taux de croissance de 3,6% en 2016, le plus bas depuis deux décennies. Cinq ans plus tôt, il était encore de 14%.

Attirer les surfeurs au Ghana est vu comme un bon moyen de capter un public de classes moyennes et de développer ainsi un "marché inexploité qui se situe entre le tourisme de luxe et le tourisme bon marché", selon M. Aggrey.

Brett Davies mise sur des vagues qu'il estime accessibles à tous pour faire la différence et attirer la foule. "La plupart des destinations connues sont (au contraire) très intimidantes pour le surfeur moyen", analyse-t-il.

"Le tourisme au Ghana est sur le point d'exploser grâce au surf", prédit le Britannique, qui veut croire que "le surf ghanéen est sur le point de connaitre des aventures palpitantes."

Avec AFP

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