"Nous voulons exprimer notre profond malaise vis-à-vis des responsables en matière de justice, face à la situation de délaissement et d'abandon dans laquelle se trouve ce service public", ont écrit dans un communiqué commun les sept associations de juges et de procureurs du pays.
Pratiquement 50% des juges et près de 54% des procureurs ont fait grève au niveau national, selon les données définitives fournies par l'Association des procureurs. La participation des juges aurait atteint les 62% en Catalogne et près de 59% en Andalousie.
"En Espagne, les citoyens ont l'impression que la justice n'est pas aussi indépendante qu'elle devrait l'être", a déclaré à la presse Ignacio Gonzalez Vega, porte-parole de l'association de gauche Juges pour la Démocratie.
Depuis plusieurs années, la justice est au coeur de débats politiques espagnols, notamment celui sur les velléités indépendantistes de la Catalogne.
Le gouvernement central du conservateur Mariano Rajoy s'en est remis à la justice pour faire annuler des lois, jugées anticonstitutionnelles, votées par les dirigeants séparatistes de cette région du nord-est.
Ce sont aussi les tribunaux qui ont bloqué les tentatives de Carles Puigdemont, poursuivi pour rébellion, de se faire réélire à la présidence de la région.
Les indépendantistes accusent la justice d'être instrumentalisée par le pouvoir et qualifient de "prisonniers politiques" les neuf dirigeants séparatistes inculpés pour rébellion et placés en détention provisoire par la Cour suprême.
Les sept associations de magistrats, qui ne mentionnent pas expressément la Catalogne, réclament davantage d'investissements et d'embauches dans la justice.
La porte-parole de l'Association de procureurs Montserrat Garcia a dénoncé les "énormes charges de travail", réclamant "une justice de qualité que nous n'avons hélas pas aujourd'hui".
Le ministre de la Justice Rafael Catala a répondu qu'il n'avait pas de "désaccord de fond" avec ces revendications, assurant que certaines mesures étaient prévues dans le projet de budget que le gouvernement tente de faire approuver au parlement.
Si le budget est approuvé, le ministre a promis 300 embauches de juges et procureurs et 130 millions d'euros pour améliorer les systèmes informatiques des tribunaux et de la magistrature.
La relation entre les associations de magistrats et le ministre s'est encore tendue fin avril quand elles ont réclamé sa démission suite à des commentaires qualifiés d'"ingérence".
Rafael Catala avait mis en doute à la radio la compétence d'un juge qui s'était prononcé pour la relaxe de cinq hommes dans une affaire très médiatisée d'abus sexuels en groupe à Pampelune.
Avec AFP