Le président américain avait soutenu début 2017 avoir besoin d'une période de 90 jours d'interdiction d'arrivée des ressortissants de six pays musulmans (Syrie, Libye, Iran, Soudan, Somalie et Yémen), ainsi que de 120 jours d'interdiction des réfugiés du monde entier, afin de mettre en place des nouveaux filtres d'admission.
Après cinq mois de contentieux devant les tribunaux, une version amendée de son décret est entrée en vigueur le 29 juin. Sa durée d'application s'achève ce week-end sans que l'on sache si les 180 millions d'habitants des six pays concernés vont être de nouveau accueillis aux Etats-Unis.
Ni la Maison Blanche ni les ministères de la Justice et de la Sécurité intérieure n'ont fait savoir leurs intentions en la matière: ils pourraient décider de prolonger la validité du décret, le modifier ou le laisser s'éteindre, en attendant que la Cour suprême se prononce sur le texte.
Les neuf sages de la plus haute instance judiciaire américaine examineront en effet sur le fond la plus controversée des mesures du président républicain le 10 octobre prochain.
Leur décision pourrait toutefois n'intervenir que des mois plus tard, un délai durant lequel on imagine mal Donald Trump rester les bras croisés.
Les restrictions d'entrée aux Etats-Unis "devraient être nettement plus étendues et dures, et cibler davantage", a-t-il tweeté il y a une semaine, juste après l'attentat commis dans le métro de Londres.
C'est aussi ce qu'ont affirmé au New York Times et au Wall Street Journal vendredi des sources anonymes au sein de l'administration, expliquant que l'on se dirige vers un nouveau texte qui touchera davantage de pays, tout en adaptant le niveau des restrictions en fonction des efforts de chaque nation concernée pour répondre aux exigences américaines en matière de contrôle de sécurité.
- 'Le plus de musulmans possible' -
M. Trump justifie le resserrement des frontières par la nécessité d'empêcher l'arrivée de "terroristes étrangers". La Cour suprême a cependant limité la portée de son décret migratoire, exemptant quiconque pouvant justifier d'une "relation valable avec une personne ou une entité aux Etats-Unis".
Pour les opposants au décret, M. Trump ne fait que mettre en acte ses promesses de campagne visant à bannir expressément les musulmans, en dépit de la Constitution qui interdit toute discrimination religieuse.
"Il me semble que depuis le début le moteur du gouvernement est la volonté du président d'une interdiction la plus large possible, interdire l'entrée au plus grand nombre possible de musulmans, et qu'ils sont prêts à tout pour y parvenir", explique à l'AFP Omar Jadwat, avocat de l'ACLU, grande organisation de défense des libertés qui s'oppose à M. Trump sur ce dossier.
Selon le juriste, on peut s'attendre à tout d'ici dimanche, notamment à une nouvelle annonce choc.
Le ministère de la Sécurité intérieure a d'ailleurs transmis la semaine dernière à la Maison Blanche un rapport confidentiel préconisant des nouvelles procédures de filtrage des frontières américaines.
"Le gouvernement a beaucoup d'options, à la fois dans le cadre du décret en envisageant de nouvelles interdictions et aussi en dehors: il a déjà modifié une fois le décret migratoire lors de la procédure judiciaire", rappelle M. Jadwat, en faisant référence à une première version radicale du texte que l'exécutif a édulcoré afin d'augmenter ses chances devant les tribunaux.
Sur la question des réfugiés, un flou identique règne. Le gouvernement a fixé un plafond de 50.000 personnes admises à ce titre pour l'année fiscale 2017.
Pour l'année fiscale 2018, qui débute le 1er octobre, l'administration de Donald Trump pourrait annoncer un nouvel abaissement du plafond, à un niveau inédit depuis des décennies.
Avec AFP