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Le Premier ministre guinéen en désaccord avec la junte


Le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, a signé le décret de nomination de Mohamed Béavogui au poste de Premier Ministre de la Transition à Conakry, le 6 octobre 2021. (Twitter/Présidence Guinée)
Le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, a signé le décret de nomination de Mohamed Béavogui au poste de Premier Ministre de la Transition à Conakry, le 6 octobre 2021. (Twitter/Présidence Guinée)

Le Premier ministre nommé par les militaires qui ont pris le pouvoir en Guinée a exprimé son désaccord avec la décision de la junte de rebaptiser l'aéroport de Conakry du nom de l'ancien président Ahmed Sékou Touré, père de l'indépendance pour les uns, dictateur pour d'autres, a rapporté vendredi Mosaiqueguinée.com.

"Je suis surpris, mécontent et dépassé. J'apprends comme vous et comme tout le monde. Je n'ai ni été consulté ni été associé dans la prise de décision", a expliqué Mohamed Béavogui à un journaliste du site d'information Mosaiqueguinée.

Deux collaborateurs du Premier ministre civil ont confirmé sa désapprobation à un correspondant de l'AFP, sous le couvert de l'anonymat compte tenu de la sensibilité du sujet.

Des médias guinéens ont souligné que c'était la première fois que M. Béavogui manifestait publiquement une divergence avec la junte depuis sa désignation le 6 octobre par le colonel Mamady Doumbouya, qui avec ses hommes a renversé le président Alpha Condé le 5 septembre. Mais ils ajoutaient que M. Béavogui aurait d'autres motifs de frustration que la nouvelle dénomination de l'aéroport.

La télévision nationale, canal presque exclusif de communication de la junte, a annoncé jeudi soir que l'aéroport serait renommé d'après celui qui a dirigé le pays de l'indépendance en 1958 jusqu'à sa mort en 1984.

Ahmed Sékou Touré divise les Guinéens qui voient en lui selon les cas un héros tiers-mondiste ayant tenu tête à l'ancienne puissance coloniale française, ou retiennent que sa présidence a été marqué par un exercice autoritaire du pouvoir, des purges et des tortures au camp Boiro de sinistre mémoire.

Sous sa présidence, quelque 50.000 personnes ont été torturées, fusillées, pendues ou ont "disparu" en détention, selon des associations de victimes et des organisations de défense des droits humains. Des centaines de milliers de Guinéens ont été contraints à l'exil.

Mohamed Béavogui, un technocrate expert du développement avec des décennies d'expérience dans le secteur privé et international, avait déclaré après sa désignation que son gouvernement accomplirait les tâches assignées par la junte.

La junte a assuré qu'elle rendrait le pouvoir aux civils après des élections à la fin d'une période de transition. Durant cette période transitoire d'une durée inconnue, elle a dit vouloir procéder à une "refondation de l'Etat", rédiger une nouvelle Constitution, lutter contre la corruption, réformer le système électoral, organiser des élections et réconcilier des Guinéens divisés.

Le colonel Doumbouya a aussi adressé une ferme mise en garde à ceux qui troubleraient ce qu'il appelle ses efforts de "rassemblement".

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