Ce vol est le septième organisé par l'OIM depuis le début de l'année pour des migrants guinéens en provenance de Libye. Les six premiers avaient rapatriés 727 personnes.
Il s'ajoute aux retours d'autres ressortissants guinéens en provenance du Bénin, du Cameroun, d'Égypte, du Maroc ou encore du Niger ayant également échoué dans leur parcours migratoire.
Parmi les 132 passagers arrivés mardi à Conakry, il y avait 10 femmes, un bébé, trois enfants --dont un mineur non-accompagné-- et deux personnes malades, a indiqué l'OIM dans un communiqué.
Ces migrants faisaient partie des nombreux ressortissants guinéens qui vivent dans des conditions "très difficiles" en Libye, la plupart enfermés en centres de détention, a expliqué l'un d'eux, interrogé par l'AFP au centre d'accueil aménagé à la maison des jeunes de Matam, dans la banlieue de Conakry.
"On peut néanmoins noter le retour de familles, établies en Libye depuis plusieurs années, ayant choisi de rentrer en Guinée en raison d'une dégradation de la situation économique et sécuritaire sur place", indique le communiqué de l'OIM.
Hassan Bah, un menuisier qui a travaillé pendant plus de trois ans à Tripoli, a expliqué que "tout se passait bien" pour lui jusqu'en 2016, quand il a demandé à son épouse Mariam de le rejoindre. "Après la naissance de notre bébé, nous avons décidé de rentrer, les affaires devenant de plus en plus difficiles", a-t-il expliqué.
Quant à Djibril Bangoura, avant son départ, il travaillait comme comptable dans un établissement très fréquenté par les expatriés en Guinée. Mais, les activités ayant fortement diminué en 2014 à cause de l'épidémie du virus Ebola, il a été alors licencié et a choisi de rejoindre l'Europe avec son jeune frère.
Arrivés en Libye, ils ont tous deux été incarcérés pendant deux ans et traités "comme esclaves". Selon lui, son frère est toujours détenu en Libye.
"J'ai souffert de la prison, de l'exploitation de l'homme par l'homme et mon frère est resté derrière moi en prison", a-t-il témoigné, montrant une plaie à l'épaule causée par des "tortures administrées par un gardien de prison à l'aide d'un couteau".
"Tous ont fait appel à l'OIM pour un retour volontaire humanitaire", explique l'organisme onusien, ajoutant que l'"ambassade de Guinée à Tripoli a facilité leur identification et l'obtention des documents de voyage".
L'OIM a effectué des entrevues en Libye avec les migrants, des examens médicaux et fourni une assistance supplémentaire sous forme de kits comprenant des vêtements et des chaussures.
L'OIM a procédé à leur enregistrement afin de mieux saisir le profil des migrants irréguliers, d'en savoir plus sur les raisons de leur départ, leur parcours migratoire et leurs conditions de séjour en Libye, a expliqué à Conakry un responsable de l'ONU.
Chaque migrant a ensuite reçu une enveloppe de quelque 50 euros pour ses besoins immédiats (logement, nourriture, vêtements) et pour lui permettre de rejoindre sa destination finale.
Ils devraient ensuite recevoir dans les trois mois une aide à la réintégration durable grâce à un programme financé par le Fonds fiduciaire de l'Union européenne lancé en avril pour une période de 3 ans.
Avec AFP