Au total, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a annoncé les résultats portant sur près de trois quarts de six millions d'électeurs inscrits: jeudi, elle a dévoilé les résultats de 21 des 33 préfectures, qui viennent s'ajouter à ceux donnés mercredi portant sur 10 préfectures, trois des cinq communes de Conakry et l'essentiel du vote des Guinéens de l'étranger.
La commission électorale ayant donné une estimation de participation moyenne de 75% pour le premier tour, qui s'est tenu le 11 octobre, la majorité absolue des suffrages devrait avoisiner les 2,25 millions de voix.
Les derniers résultats, attendus vendredi soir, concernent les deux communes restantes de Conakry, dont les banlieues favorables à l'opposition, ainsi que les préfectures de Pita (centre) et de Kindia, à l'est de la capitale, et de quelques ambassades à l'étranger.
Avec quelque 1,95 million de voix, le président sortant devançait nettement son principal concurrent, le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo, crédité d'environ 880.000 voix, qui distançait lui-même très largement les six autres candidats.
Alpha Condé l'emporterait sans partage dans ses bastions électoraux de l'est du pays, avec des niveaux de participation de plus de 90 %, en Guinée forestière (sud), une région charnière sur le plan électoral, et dans les trois communes les moins peuplées de Conakry.
Sans surprise, Cellou Dalein Diallo faisait le plein de voix dans le Centre, son fief électoral, et la diaspora, mais avec des niveaux de participation moins élevés, alors que l'opposition a dénoncé des inégalités dans la distribution des cartes d'électeur et des changements de règles de vote par la Céni pendant le scrutin.
Par ailleurs, le chef de la Mission d'observation de l'Union européenne, Frank Engel, a affirmé que celle-ci allait rester "en Guinée jusqu'à la conclusion définitive du processus électoral, y compris le suivi d'éventuelles contestations", dans un communiqué publié jeudi.
M. Engel avait salué mardi "un scrutin exemplaire" au regard de l'absence de violences et de la forte participation le jour du vote mais fustigé "l'impréparation", voire "la désorganisation totale", de la Céni, sans pouvoir se prononcer sur les conséquences pour la crédibilité du scrutin.
Qualifiant de "mascarade électorale" la série de problèmes de logistique et d'organisation observés le jour du vote, les sept candidats en lice face au président sortant ont réclamé lundi l'annulation du premier tour.
M. Diallo a franchi mercredi une nouvelle étape en annonçant par la voix de son porte-parole Aboubacar Sylla "mettre un terme définitif à sa participation au processus électoral actuel" et retirer ses représentants de ce "simulacre d'élection".
Les deux précédents scrutins, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, avaient été entachés par des violences et des accusations de fraude.
Ancien opposant qui a connu la prison, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, dirigée jusqu'alors par des pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux.
Avec AFP