Un tribunal de la banlieue de Conakry a jugé qu'Abdourahmane Sano, ancien coordinateur d'un collectif de défense de la démocratie, avait bien manqué à l'obligation de déclaration, mais que la loi n'avait prévu aucune peine pour cette infraction, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le ministère public avait requis lors de l'audience lundi 18 mois de prison avec sursis contre M. Sano pour sa participation à des réunions non déclarées, dont l'une en novembre dans une école avait été filmée. M. Sano est en train de mettre sur pied un nouveau mouvement.
Le jugement était scruté par les défenseurs des droits, dans un contexte de pression sur les libertés et l'opposition. La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2021 interdit les manifestations depuis le 13 mai 2022. L'opposition l'accuse de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix discordante à coup d'arrestations de personnalités et d'enquêtes judiciaires.
Avant le délibéré de mercredi, un collectif d'organisations de défense des droits humains s'était dit dans un communiqué "très préoccupé" par les poursuites contre M. Sano. Il réclamait "l'arrêt du harcèlement judiciaire continu contre les militants prodémocratie".
Des "dérives autoritaires"
L'Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (Anad), coalition de partis et d'associations, dénonçait avant le jugement les "dérives autoritaires" de la junte et "l'instrumentalisation à outrance de la justice".
M. Sano a été le coordinateur du Front national de défense de la Constitution (FNDC), collectif qui a mené pendant des mois la contestation contre l'ex-président Alpha Condé, finalement renversé par les militaires en 2021. M. Sano a pris ses distances avec le FNDC.
Le FNDC est resté actif sous la junte, réclamant le retour rapide des civils au pouvoir et maintenant une rare contradiction face aux militaires. La junte a prononcé la dissolution du FNDC. Deux des leaders du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Mangué et Ibrahima Diallo, sont détenus depuis juillet 2022.