Abdoul Sacko avait été interpellé le 11 mars, apparemment en dehors de toute procédure, et relâché le même jour, alors que des leaders religieux tentaient de mettre fin à des mois de silence entre junte et opposition et de dissiper des tensions menaçant de dégénérer dans ce pays coutumier des violences politiques.
Abdoul Sacko, un cadre des Forces vives, a dit être inquiété pour son implication dans l'organisation de manifestations interdites. Des représentants des Forces vives, une coalition des principaux partis, de syndicats et d'organisations non-gouvernementales, et le gouvernement ont repris contact lundi. Mais la rencontre a vite tourné court, l'opposition réclamant qu'Abdoul Sacko soit mis hors de cause.
Abdoul Sacko a dans le même temps été convoqué chez les gendarmes lundi, puis vendredi. Quand il s'est présenté vendredi avec son avocat, le gendarme qui devait l'entendre "leur a dit de repartir, que l'affaire (était) classée", a déclaré à l'AFP son conseil, Me Salifou Béavogui. L'impact de cette décision sur la médiation des leaders religieux est incertain.
Les Forces vives ont décliné une nouvelle rencontre avec le gouvernement jeudi. Après avoir reporté une manifestation prévue le 9 mars pour laisser sa chance à la médiation, les Forces vives ont appelé à une marche "pacifique" lundi. Elles réclament un retour rapide des civils au pouvoir et la libération de tous les prisonniers qu'elles considèrent comme politiques. La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2021 a interdit toute manifestation.
Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), l'une des composantes des Forces vives, a indiqué cette semaine sur les réseaux sociaux avoir dénombré 17 morts, victimes de la "répression sanglante" exercée par le pouvoir et quasiment tous tués par balle, depuis juillet 2022 et le début de la contestation contre la junte.
Un jeune de 15 ans, Thierno Ousmane Diallo, a encore été blessé par balle mardi dans des heurts dans la banlieue de Conakry, et a succombé à ses blessures le lendemain, ont dit le FNDC et son père, Abdoulaye Diallo. Les militaires se sont engagés sous pression internationale à céder la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps de mener de profondes réformes, disent-ils.