Le nouveau chef du gouvernement haïtien, Jack Guy Lafontant, nommé il y a trois semaines par le président Jovenel Moïse, a écouté les doléances et répondu aux questions des élus pendant plusieurs heures avant d'obtenir le vote favorable de 20 sénateurs.
Aucun sénateur n'a voté contre son projet de politique générale mais sept se sont abstenus.
Médecin inconnu de la scène politique, M. Lafontant a composé avec le président un gouvernement de novices, avec néanmoins quelques techniciens, qui sont surtout des proches du parti haïtien Tet Kale (PHTK) de l'ancien chef de l'Etat Michel Martelly.
"En nous mettant ensemble, nous pourrons sortir le pays des difficultés auxquelles il fait face", a plaidé Jack Guy Lafontant à la chambre haute du parlement.
Le chef du gouvernement a reconnu les difficultés économiques auxquelles il sera confronté. "Face à une dépréciation exagérée de la gourde, nous sommes tous embarqués à faire beaucoup avec moins", a-t-il affirmé.
Si le budget haïtien est passé de 131 milliards de gourdes en 2013 à 122 milliards pour l'exercice 2016-2017, sa valeur réelle sur trois ans a été réduite de près de moitié (de 3 milliards de dollars américains à 1,8 milliard) en raison de la dévaluation extrême de la monnaie haïtienne, a expliqué le Premier ministre.
"L'agriculture constituera le secteur d'investissement prioritaire de mon gouvernement", a déclaré M. Lafontant, relayant la priorité martelée durant sa campagne électorale par Jovenel Moïse, ancien entrepreneur agronome.
Les sénateurs se sont montrés cependant dubitatifs quant à la concrétisation de projets tels que la création de cinq hôpitaux universitaires et de lycées de référence dans les dix départements du pays.
"Ça n'est pas un bon texte de politique générale", a estimé Patrice Dumont. "Une page seulement pour les ‘Voies et Moyens’? Et elle ne compte pas même un chiffre", a dénoncé le sénateur du département de l'Ouest, qui englobe l'aire métropolitaine de Port-au-Prince.
Malgré l'absence de données chiffrées et de détails sur le financement de cette politique, le Sénat a donné sa confiance au nouveau gouvernement, qui doit encore obtenir la confiance de la Chambre des députés avant de prendre officiellement ses fonctions.
Avec AFP