Les personnes handicapées en Afrique ont longtemps été considérées comme des laissées-pour-compte, selon des organisations de défense des droits humains. Mais les choses sont en train de changer, d’après Judith Heumann, conseillère auprès du département d'Etat américain et chargée des droits internationaux des handicapés.
Le continent africain compte au moins 80 millions d’handicapés – un chiffre de l'ONU qui estime que 15 pour cent de la population mondiale est touchée par un handicap, soit environ 1 milliard de personnes.
Pour Judith Heumann, le scénario est pratiquement similaire aux quatre coins de la planète, car les personnes handicapées sont confrontées aux mêmes problèmes.
« En Afrique comme ailleurs dans le monde, nous constations que les personnes handicapées sont fortement stigmatisées, et je pense que la stigmatisation est l'une des causes importantes de la marginalisation de ces personnes. Si les décideurs estiment que les handicapés sont incapables de contribuer de manière significative à leurs communautés, eh bien ils ne chercheront pas à promouvoir des lois et programmes en faveur de ces personnes », indique Mme Heuman
Mais l’espoir est permis, dit-elle. Certains pays africains ont fait des progrès. Exemples : Le Kenya a récemment accueilli la première assemblée générale du Forum africain des personnes handicapées. L’Ethiopie, de son côté, affirme avoir rendu accessible aux handicapés son premier réseau de métro léger à Addis-Abeba.
La conseillère américaine demande aux gouvernements africains d’aller plus loin, notamment en accordant une attention particulière à l’embauche et la promotion des personnes handicapées qualifiées à des postes à responsabilité.
Aux Etats-Unis, indique-t-elle, un décret du président Barack Obama datant de 2010 a eu un impact important sur le recrutement des handicapés au sein du gouvernement fédéral.
« Il faut être à l’écoute de la société civile par rapport à la stigmatisation et la marginalisation auxquelles sont confrontées les personnes handicapées. Les gouvernements ont un rôle clé à jouer, un rôle proactif en nommant ces personnes à de hautes fonctions. Les gouvernements doivent leur donner des opportunités », affirme Mme Heumann.
La chargée des droits internationaux des handicapés est également d’avis que les gouvernements africains doivent investir davantage dans l'éducation, les services sociaux et les soins de santé, sans négliger l'environnement. Ces efforts, conclut Judith Heumann, ne touchent pas seulement les handicapés, mais bien tout le monde.