Le débat démocrate, organisé dans la soirée à Las Vegas, dans le Nevada (02H00 GMT jeudi), promet d'être houleux entre les candidats qui espèrent défier le républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.
Neuvième homme le plus riche du monde en 2019 selon Forbes, Michael Bloomberg se présente en candidat capable de rassembler au centre. L'ancien maire de New York et patron de l'agence Bloomberg finance sa candidature à coup de centaines de millions de dollars tirés de ses fonds personnels.
"J'ai quelque chose à dire à M. Bloomberg: les Américains en ont assez que des milliardaires achètent les élections", a lancé ce week-end le sénateur indépendant Bernie Sanders, favori dans les sondages pour les primaires démocrates.
"C'est une honte que Mike Bloomberg puisse acheter sa place dans les débats", a renchéri mardi la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, en le qualifiant de "milliardaire égocentrique".
- Plus de 300 millions de dollars -
Sans s'être encore présenté à une seule primaire, Michael Bloomberg a grimpé à la troisième place --sur huit candidats en lice-- de la moyenne des sondages nationaux, derrière Bernie Sanders et l'ancien vice-président modéré Joe Biden.
Ce dernier jouera gros lors du débat, après deux revers lors des votes de l'Iowa et du New Hampshire.
Egalement en perte de vitesse, Elizabeth Warren arrive quatrième, suivie par deux modérés qui ont, au contraire, le vent en poupe depuis ces scrutins: l'ex-maire de South Bend Pete Buttigieg puis la sénatrice Amy Klobuchar.
Après une entrée très tardive dans la campagne, en novembre, M. Bloomberg a opté pour une stratégie rarissime dans l'histoire des primaires américaines: faire l'impasse sur les quatre premiers Etats qui votent en février (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud).
A 78 ans, il entrera donc dans la course lors du "Super Tuesday" du 3 mars, lorsque les 14 prochains Etats voteront.
En tablant sur ces Etats riches en "délégués", Michael Bloomberg pense pouvoir compenser son retard. Car c'est celui, ou celle, qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui décrochera l'investiture du parti.
Disposant d'une fortune personnelle estimée par Forbes à environ 60 milliards de dollars, il a déjà dépensé plus de 300 millions en spots publicitaires qui tournent en boucle.
Michael Bloomberg y souligne son engagement pour la lutte contre le changement climatique et contre les violences par armes à feu qui font des ravages aux Etats-Unis.
Mais sans convaincre l'aile gauche du parti qui observe avec hostilité cet ancien républicain devenu indépendant avant de passer démocrate.
Les critiques fusent aussi du côté des candidats modérés, qui s'indignent d'anciens propos et politiques de M. Bloomberg, perçus comme discriminatoires.
L'ancien maire s'est ainsi excusé d'avoir longtemps défendu les interpellations et fouilles arbitraires ("stop-and-frisk"), accusées d'avoir suscité une explosion des contrôles au faciès à New York.
Il met désormais en avant ses propositions censées aider les minorités et a reçu le soutien d'influents élus noirs qui saluent ses excuses et appellent à aller de l'avant.
Chez les électeurs démocrates, un seul objectif prime: choisir le candidat capable de battre Donald Trump le 3 novembre. Et certains voient justement en Michael Bloomberg leur meilleure option.
- Railleries de Trump -
Les deux milliardaires croisent d'ailleurs déjà le fer sur les réseaux sociaux.
Le président républicain surnomme régulièrement le candidat démocrate "Mini Mike", en allusion à sa taille (1,70m). Mardi, il l'a aussi accusé, sans preuve, "d'acheter illégalement l'investiture démocrate".
M. Bloomberg le lui rend bien, en affirmant que le républicain a peur de l'affronter à la présidentielle. Ce "self-made man" ironise aussi sur la fortune de M. Trump, qu'il "a héritée de son père et mal dépensée".
Le débat se tient mercredi dans le Nevada car cet Etat de l'Ouest américain organisera samedi le troisième vote des primaires.
Bernie Sanders arrive en tête de la moyenne des rares sondages menés dans le Nevada, suivi par Joe Biden puis Elizabeth Warren et Pete Buttigieg.