Le président français François Hollande se rend vendredi en Centrafrique où la France entend soutenir la reconstruction après une phase d'engagement militaire, et samedi au Nigeria pour un sommet consacré à la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram.
A Bangui, où il ne restera que quelques heures, il apportera "son soutien à la paix et à la stabilisation" de la République centrafricaine. "Aujourd'hui la France et la Centrafrique sont de moins en moins dans une relation liée au maintien de la paix et de plus en plus dans l'accompagnement du pays dans sa reconstruction, sa remise sur pied, son développement", souligne son entourage.
Redéploiement au sein de la Minusca
M. Hollande s'était rendu dans la capitale de l'ex-colonie française à deux reprises, en décembre 2013 et février 2014, alors que l'opération militaire française Sangaris venait de se déployer dans ce pays pour stopper des violences intercommunautaires.
Il y revient alors que cette opération doit se terminer en décembre, au terme d'un désengagement progressif. De plus de 2.000 militaires au plus fort de la crise, Sangaris n'en compte déjà plus que 650, selon l'entourage de M. Hollande.
A terme, les forces françaises doivent être redéployées au sein de la force onusienne de la Minusca, et dans la Mission européenne EUTM dédiée à la formation de l'armée centrafricaine. Le nombre de militaires français engagés sera ajusté en fonction des contributions des 27 autres pays de l'Union européenne.
Reçu par le nouveau président du pays Faustin Archange Touadéra, élu en février, M. Hollande se rendra au camp de Sangaris. Sa visite intervient alors que des soldats français et des Casques bleus engagés en Centrafrique sont soupçonnés d'abus sexuels pour lesquels trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes à Paris.
Il parcourra aussi le quartier du PK5, où il s'était déjà rendu en février 2013. A l'époque cette enclave musulmane de Bangui était au coeur d'affrontements sanglants entre milices majoritairement chrétiennes anti-balaka et ex-rebelles à dominante musulmane de la Séléka.
Le cas de Camille Lepage
Le chef de l'Etat français a par ailleurs été sollicité par l'organisation Reporters sans frontières et la mère de la photojournaliste française Camille Lepage, tuée le 12 mai 2014 dans une embuscade dans l'ouest de la RCA, qui estiment que l'enquête sur les circonstances de sa mort "piétine".
A l'issue de cette visite, François Hollande s'envolera pour Abuja où il sera le seul président non africain à participer samedi à un sommet régional sur la sécurité consacré à la lutte contre Boko Haram. Un premier sommet avait été organisé à Paris le 17 mai 2014.
La France entend à l'occasion de cette rencontre amplifier son aide pour lutter contre la secte islamiste.
Le soutien de Paris en matière militaire et de sécurité aux quatre pays principalement touchés par les attaques de Boko Haram (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun) s'élève déjà à 25 millions d'euros sur un an, souligne un diplomate français. "Et nous allons poursuivre ce soutien avec les Américains et les Britanniques avec qui la coordination est très bonne", affirme-t-il.
Par ailleurs, Paris, qui a dégagé 17 millions d'euros de soutien humanitaire, devrait annoncer de nouvelles aides via l'Agence française de développement (AFD).
Les attaques du groupe islamiste, qui sévit depuis 2009 dans le nord-est du Nigeria, ont fait plus de 20.000 morts, selon la Banque mondiale, empiétant au-delà des frontières, au Niger, Cameroun et Tchad.
Depuis deux ans, la coopération régionale s'est renforcée, via une force multinationale mixte (FMM) de 8.500 hommes. L'emprise territoriale des jihadistes a régressé mais les attentats meurtriers se sont multipliés.
Outre les présidents du Niger, Nigeria, Cameroun et Tchad, seront présents au sommet les dirigeants du Bénin, Gabon, Ghana, Guinée équatoriale, Sénégal, Togo. En plus de la France, Royaume-Uni, Union européenne, et Chine sont aussi invités.
Avec AFP