Des centaines de personnes se sont recueillies aux abords de l'artère piétonne Drottninggatan où une montagne de fleurs recouvre les stigmates du drame. La foule s'est tue à midi sous le regard de policiers, nombreux, dont les véhicules étaient adornés de roses rouges.
"Je suis tellement triste pour la Suède, c'est le meilleur pays qui soit, j'ai envie de pleurer, beaucoup sont morts pour rien ici", dit Fadi Mdalal, un jeune homme originaire de Syrie.
Une cérémonie solennelle s'est simultanément déroulée dans le parc de l'Hôtel de ville de Stockholm en présence de membres de la famille royale, du gouvernement, du Parlement et du corps diplomatique.
Le roi Carl XVI Gustaf, la reine Silvia, en larmes, la princesse héritière Victoria et le prince Carl Philip ainsi que le Premier ministre Stefan Löfven se sont recueillis sous une pluie glaciale.
Le chef du gouvernement s'est adressé aux familles des quatre morts et aux 15 personnes blessées dans l'attentat, le troisième en Europe en deux semaines après ceux de Londres et Saint-Pétersbourg.
"Je veux vous dire : vous n'êtes pas seuls, nos pensées vous accompagnent, la Suède est à vos côtés", a-t-il déclaré, très ému.
Les quatre personnes tuées sont deux Suédoises, un Britannique et une Belge. "La Suède, la Belgique et le Royaume-Uni sont solidaires dans le deuil", a souligné M. Löfven.
"Stockholm restera une ville ouverte et tolérante", a pour sa part affirmé la maire de Stockholm, Karin Wanngård.
Parallèlement, l'enquête se poursuivait sur le principal suspect, un Ouzbek de 39 ans. Selon des documents du tribunal de la capitale obtenus par l'AFP, il a été identifié comme étant Rakhmat Akilov.
D'après la presse locale, il s'agit d'un ouvrier, père de quatre enfants.
M. Akilov est soupçonné d'avoir lancé un poids lourd volé dans la foule sur plusieurs centaines de mètres de la rue piétonne la plus fréquentée de Stockholm vendredi après-midi, avant de finir sa course meurtrière dans la façade d'un grand magasin.
- Piste jihadiste -
Arrêté quelques heures après l'attentat, il devait être inculpé et écroué à l'issue d'une audience à huis clos fixée mardi matin.
Il a exigé la récusation de son avocat et réclamé un défenseur "musulman sunnite", mais le tribunal a rejeté sa requête "faute de raisons valables", selon des documents judiciaires dont l'AFP a obtenu copie.
L'enquête pourrait prendre "un an", a prévenu le directeur-adjoint de la police nationale, Mats Löfving.
L'Ouzbek affichait a minima "un intérêt pour des organisations extrémistes, dont l'Etat islamique" (EI), assurent les enquêteurs. Les quotidiens Aftonbladet et Expressen, citant des sources proches du dossier, affirment qu'il a revendiqué son acte.
"J'ai écrasé les infidèles", s'est-il expliqué en garde à vue, précise Aftonbladet. Le suspect dit avoir reçu un "ordre" direct du groupe EI. "Le bombardement de la Syrie doit cesser", a-t-il également déclaré, toujours selon Aftonbladet.
La police se refuse à confirmer ces informations mais reconnaît que les déclarations de M. Akilov font partie des éléments à charge.
Un second suspect, dont l'identité n'a pas été révélée, a été placé en garde à vue. La police cherche à savoir s'il a apporté un quelconque soutien au principal mis en cause.
La menace terroriste en Suède est au niveau 3, sur une échelle de 5, depuis une attaque suicide à la bombe perpétrée en décembre 2010 dans la même rue de Stockholm par un homme qui avait péri dans l'explosion sans faire de victimes.
Le ministre de la Justice, Morgan Johansson, a déclaré lundi à l'AFP mettre à l'étude un renforcement de l'arsenal judiciaire antiterroriste.
"Nous avons criminalisé les séjours à l'étranger liés au terrorisme et élargi (le champ des poursuites) pour financement du terrorisme. Il y a de la marge pour élargir (la loi) davantage", a-t-il déclaré.
Avec Afp