Sa ceinture explosive, factice, ne contenait que "du sel et des biscuits", mais un jeune homme a déclenché mardi une fausse alerte terroriste d'ampleur à Bruxelles, illustrant combien la capitale belge reste à cran trois mois après les attentats qui l'ont frappée.
Envoyés sur place, aux abords d'un grand centre commercial au cœur de la ville, le City 2, les démineurs ont rapidement établi que sa ceinture artisanale ne contenait aucune substance explosive, mais que "du sel et des biscuits", selon le parquet.
Il avait lui-même contacté la police vers 05H30 (03H30 GMT), affirmant avoir été enlevé et déposé sur place "avec une ceinture d'explosifs qui devait être déclenchée à distance par une tierce personne".
La fausse alerte a été prise d'autant plus au sérieux que City 2 faisait partie des sites mentionnés ces derniers jours dans les médias belges en tant que cible potentielle d'attaques.
Un large périmètre de sécurité a été installé pendant quelques heures autour du centre commercial, où ont été déployés en nombre policiers et militaires. Plusieurs accès au métro ont été bloqués.
-'Réunion de crise'-
"Quand quelqu'un évoque une ceinture avec une bombe, il faut prendre les événements au sérieux", a commenté le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, à l'issue d'une réunion du Conseil national de Sécurité convoquée en urgence mardi matin, à laquelle a notamment assisté le Premier ministre Charles Michel.
Les autorités belges ont annoncé qu'elles maintenaient leur niveau d'alerte au pallier 3 (menace "possible et vraisemblable"), sur une échelle allant jusqu'à 4 (menace "sérieuse et imminente").
Après son interpellation et une perquisition au domicile de sa mère, le suspect "a reconnu avoir inventé son enlèvement", a précisé dans l'après-midi le parquet de Bruxelles.
Le propriétaire de la voiture qu'il avait désignée comme ayant servi à son enlèvement a lui été "immédiatement" remis en liberté, le suspect ayant "reconnu avoir relevé au hasard en rue une plaque d'immatriculation".
L'affabulateur va désormais faire l'objet d'une enquête d'un juge d'instruction pour fausse information concernant le danger d'"un attentat". Le parquet a requis son placement en détention provisoire et une expertise psychiatrique.
Il s'était déjà distingué récemment en déclarant à la police "avoir été incité à partir rejoindre l'Etat islamique (EI) en Syrie", mais l'enquête n'a pas permis de confirmer ou d'infirmer ses dires, selon le parquet de Bruxelles.
"On peut supposer qu'il avait des sympathies pour l'Etat islamique", a commenté le ministre de la Justice, Koen Geens.
"J.B. avait également été impliqué en 2014 dans un dossier du parquet fédéral", qui centralise la lutte antiterroriste en Belgique, a souligné sans autres précisions le parquet de Bruxelles.
- Menace jihadiste -
Les autorités n'ont en tout cas voulu prendre aucun risque en déployant rapidement les grands moyens. Frappée le 22 mars par l'EI à l'aéroport et dans le métro, la capitale belge a connu depuis de nombreuses alertes terroristes et la police y multiplie les opérations, en particulier ces dernier jours.
Lundi, six personnes ont été interpellées puis relâchées sans inculpation dans le cadre de l'enquête sur l'attentat manqué le 21 août 2015 dans le TGV (train à grande vitesse) Thalys reliant Amsterdam à Paris.
Une autre importante opération de police avait eu lieu pendant le week-end, se soldant par l'interpellation de quarante personnes dans la nuit de vendredi à samedi au cours d'une vague de perquisitions réalisées d'urgence.
Trois hommes interpellés à cette occasion ont été inculpés de "tentative d'assassinat dans un contexte terroriste" et de "participation aux activités d'un groupe terroriste", avec en toile de fond des menaces non confirmées sur des manifestations publiques en Belgique autour du match Belgique-Irlande de l'Euro 2016 de football.
La semaine dernière, la presse belge avait révélé que les services de police du royaume avaient été avertis que des combattants de l'EI avaient récemment quitté la Syrie pour commettre des attentats en Belgique et en France.
Avec AFP