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Hong Kong de nouveau en ébullition


Les manifestants font un geste de cinq doigts, signifiant les "cinq exigences - pas une de moins", lors d'une manifestation pro-démocratique contre la législation de Pékin sur la sécurité nationale à Hong Kong, le dimanche 24 mai 2020. (Photo AP)
Les manifestants font un geste de cinq doigts, signifiant les "cinq exigences - pas une de moins", lors d'une manifestation pro-démocratique contre la législation de Pékin sur la sécurité nationale à Hong Kong, le dimanche 24 mai 2020. (Photo AP)

La police anti-émeutes a tiré des lacrymogènes dimanche à Hong Kong pour disperser des centaines de personnes qui manifestaient contre le projet de Pékin d'imposer à sa région semi-autonome une loi controversée sur la sécurité.

Le projet de la Chine d'imposer à Hong Kong une loi sur la "sécurité nationale" ravive les tensions dans le territoire semi-autonome, qui a connu en 2019 sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997.

- Des mois de contestation -

Entre juin et décembre 2019, l'ex-colonie britannique a été le théâtre d'un mouvement de contestation du pouvoir chinois sans précédent, avec des actions quasi quotidiennes pour dénoncer l'influence du pouvoir central, des manifestations monstres et de violents affrontements entre radicaux et policiers.

Née du rejet d'un projet de loi qui devait autoriser les extraditions vers la Chine continentale, et qui a depuis été abandonné, la contestation s'est muée très rapidement en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés.

Cette agitation, qui a également stimulé un courant militant pour l'auto-détermination voire l'indépendance de la région, est confortée par le triomphe en novembre des "pro-démocratie" aux élections locales.

Présentant la contestation comme un complot étranger visant à déstabiliser le pouvoir central, la Chine s'est montrée inflexible face aux aspirations des Hongkongais, ne cédant pas à leurs demandes d'élections libres, d'enquête sur les violences policières ou d'amnistie pour les 8.300 personnes depuis juin 2019.

- Trêve au temps du coronavirus -

Hong Kong a été en janvier, après la Chine, un des premiers territoires touchés par l'épidémie de coronavirus.

En dépit de sa très grande proximité avec la Chine continentale, l'ex-colonie britannique ne totalise qu'un millier de cas, et quatre décès dus au Covid-19.

S'il n'est pas allé jusqu'à ordonner le confinement de la population, l'exécutif local a pris des mesures drastiques pour juguler l'épidémie en interdisant notamment les rassemblements en public à plus de quatre.

Cela a eu pour conséquence l'arrêt total des manifestations pro-démocratie, qui est aussi le résultat d'un essoufflement du mouvement lié aux arrestations massives dans ses rangs.

En mai, l'exécutif assouplit légèrement les restrictions de rassemblement, en autorisant les rassemblements jusqu'à huit personnes.

Mais ces restrictions sont reconduites jusqu'au 4 juin au moins, ce qui signifie que, pour la première fois depuis 30 ans, les Hongkongais ne devraient pas être en mesure de commémorer la répression de Tiananmen, le 4 juin 1989 à Pékin.

- Reprise des tensions -

La tension remonte avec l'arrestation le 18 avril de 15 personnalités du mouvement pro-démocratie, toutes modérées, pour leur implication dans les manifestations de 2019.

La crise est également relancée par une controverse constitutionnelle, partie d'un communiqué du Bureau de liaison - bras du gouvernement central à Hong Kong - laissant entendre que l'obstruction menée depuis octobre par l'opposition au Conseil législatif ("LegCo", le Parlement hongkongais) pourrait leur valoir des poursuites.

Le 8 mai, des heurts opposent des députés pro-démocratie et pro-Pékin à l'intérieur du LegCo au sujet d'un projet de loi réprimant l'outrage à l'hymne national chinois.

Le 18, le projet provoque une nouvelle journée chaotique au Parlement, alors que plusieurs figures de l'opposition sont inculpées pour leur rôle dans les manifestations de 2019.

- Loi sur la sécurité -

Le 22 mai, le régime communiste dépose au Parlement chinois un texte visant à interdire "la trahison, la sécession, la sédition et la subversion" à Hong Kong, en réponse aux manifestations monstres de 2019.

L'article 23 de la "Loi fondamentale", qui sert depuis deux décennies de mini-Constitution au territoire semi-autonome, prévoit que la région se dote elle-même d'une loi sur la sécurité.

Mais cette clause n'a jamais été appliquée. Car une grande partie des Hongkongais y voit une menace pour leurs libertés. La dernière tentative de l'exécutif hongkongais de mise en oeuvre de l'article 23, en 2003, avait échoué face à des manifestations monstres.

Les opposants au texte redoutent en particulier une clause qui permettrait aux policiers chinois de mener des enquêtes à Hong Kong avec leurs homologues hongkongais. Beaucoup y voient les prémices d'une répression de toute dissidence sur le territoire.

Les Etats-Unis mettent en garde Pékin contre une loi "très déstabilisatrice", le président Donald Trump promet de réagir le cas échéant "de manière très forte". L'Union européenne, le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada appellent également à préserver l'autonomie du territoire.

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