Quelque 8,3 millions d'électeurs sont appelés à valider l'opposition du Premier ministre hongrois à la répartition de réfugiés au sein de l'Union européenne.
Un premier plan de "relocalisation" de 160.000 demandeurs d'asile entre les 28 Etats membres se met laborieusement en place depuis septembre 2015.
La Hongrie n'a proposé à ce jour aucune place d'accueil et se considèrera, si le non l'emporte, définitivement affranchie de toute obligation de contribuer à l'effort européen. Viktor Orban a promis de traduire le résultat de la consultation "dans le système légal hongrois", sans donner de détail.
La Commission européenne affirme de son côté que le référendum n'aura aucun impact juridique sur les engagements adoptés. "Les Etats membres ont la responsabilité légale d'appliquer les décisions prises", a rappelé cette semaine le commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos.
Obsession migratoire
Mais les responsables européens redoutent en creux un nouveau coup porté à la légitimité des projets de l'UE et à l'unité de ses membres déjà malmenées par une succession de chocs, dont la pire crise migratoire depuis 1945 et la décision des Britanniques de quitter le groupe des 28.
"Si des référendums sont organisés sur chaque décision des ministres et du Parlement européen, l'autorité de la loi est en danger", s'est alarmé cet été Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.
L'intitulé de la question posée aux Hongrois résume ce double défi à Bruxelles et à l'accueil des réfugiés: "Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois?"
"J'aime la Hongrie comme elle est et je ne veux pas que quelqu'un la change sur un ordre venu de l'extérieur", a encore récemment martelé le chef du gouvernement.
Les sondages donnent le rejet des quotas d'accueil largement vainqueur, un résultat à même de conforter politiquement Viktor Orban en Hongrie et de peaufiner son image de meneur du camp populiste anti-immigration en Europe.
Seule inconnue pour le gouvernement: le taux de participation qui doit atteindre 50% pour que la consultation soit valide.
L'idée du référendum, lancée en février, "est d'abord de focaliser l'année 2016 sur la question migratoire, en dépit de l'absence de migrants en Hongrie", un pays qui n'accorde l'asile qu'au compte-goutte, estime l'analyste politique Andras Biro-Nagy.
Si le Premier ministre échoue à atteindre le seuil de participation requis, "il pourrait faire face à des appels à la démission", estime M. Biro-Nagy.
"Campagne de la peur"
Mais avec une popularité au plus haut, portée par son discours décomplexé sur l'immigration qu'il compare à "un poison", Viktor Orban ne semble guère vulnérable. L'obsession migratoire a mis en sourdine les critiques sur la politique économique et sociale du gouvernement
Le parti conservateur Fidesz gouverne la Hongrie depuis 2010, avec pour seul véritable rival aux prochaines élections, en 2018, le parti d'extrême-droite Jobbik.
Avec des centaines de milliers de tracts distribués, des affiches géantes le long des routes, des ministres et des députés dépêchés dans les villes et villages sous le slogan "Ne prenons pas ce risque !", le gouvernement n'a pas lésiné sur les moyens pour emporter le référendum.
"Savez-vous que rien qu'en Libye, un million de migrants veulent se rendre en Europe ?", menacent notamment les affiches prônant le "Non". Celles-ci lient aussi explicitement les migrants au terrorisme et à la violence.
"Savez-vous qu'un Hongrois a en moyenne plus de chance de voir un ovni qu'un migrant au cours de sa vie", a répliqué un parti satiriste d'opposition dans une contre-offensive visant à désamorcer une "campagne de la peur".
Afin d'éviter que le quorum ne soit atteint, l'opposition à Viktor Orban et les ONG de défense des droits de l'homme ont appelé au boycott ou au vote nul, lequel n'est pas comptabilisé dans le taux de participation.
En 2015, 400.000 candidats à l'asile en Europe ont transité par la Hongrie, la plupart avant l'installation de clôtures barbelées le long des frontières serbe et croate.
Avec AFP