Depuis huit mois, qu'est donc devenu le fragile nonagénaire ?
Dernier direct
Lorsque les généraux ont placé le chef de l'Etat et son épouse Grace en résidence surveillée dans la nuit du 13 au 14 novembre, sa chute est devenue inévitable.
Mais l'autocrate nonagénaire a résisté jusqu'à la dernière minute. Le 19 au soir, il apparaît en direct à la télévision, entouré de tout l'état-major en treillis, pour ce que tout le monde pense être l'annonce de son départ.
De son anglais désuet, il lit péniblement une déclaration dans laquelle il reconnaît les "inquiétudes" des militaires.
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Mais à la stupéfaction générale, il assure que leur intervention ne remet pas en cause son autorité et rend l'antenne sans glisser un mot de son avenir.
Il faudra encore attendre deux jours, et la menace d'un vote de destitution au parlement, pour qu'il jette les gants.
Visite médicale
Le 15 décembre, Robert Mugabe est repéré en public pour la toute première fois depuis sa retraite. Un photographe de l'AFP le surprend dans un hôpital de Singapour à la faveur d'une de ses nombreuses visites médicales asiatiques.
Une brève apparition, le temps de sortir d'un ascenseur de l'hôpital Gleneagles et de s'engouffrer dans sa voiture, entouré d'une escorte de taille encore très présidentielle.
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Un porte-parole du gouvernement précise alors que son séjour dans la cité-Etat est payé par le contribuable zimbabwéen, comme il sied à son rang d'ancien chef de l'Etat.
M. Mugabe est de retour à Singapour en juin, prétexte à de nouvelles interrogations sur son état de santé, entre rumeurs de cancer de la prostate, de cataracte ou d'hypertension...
Joyeux anniversaire
Depuis sa retraite politique, le couple Mugabe passe le plus clair de son temps dans la discrétion de leur luxueuse résidence privée de la capitale, le fameux "Toit bleu".
Le 21 février dernier, il y fête son 94e anniversaire.
Finies les bacchanales extravagantes, avec gâteaux géants et vins à foison, que le héros de l'indépendance avait l'habitude d'offrir à son entourage et à un échantillon représentatif de ses "gens" lorsqu'il dirigeait le pays.
Cette année, les célébrations se sont tenues en privé et en petit comité, en costumes et robes de soirée tout de même, ainsi que l'ont révélé plus tard les clichés glissés à la presse.
Règlement de comptes
Robert Mugabe n'a rompu qu'une fois son silence depuis son humiliante démission, lors d'un entretien enregistré accordé à plusieurs télévisions nationales et étrangères.
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Sans surprise, il a réglé ses comptes avec ses tombeurs, accusés d'avoir ourdi un "coup d'Etat" et de "trahison". "Une honte", a-t-il cinglé, "le Zimbabwe ne méritait pas ça".
Le vieil homme a réservé ses coups de griffe les plus violents à son successeur Emmerson Mnangagwa, dont il avait fait un de ses bras droit avant de le révoquer.
"Je n'aurais jamais pensé qu'il serait l'homme qui se retournerait contre moi", lâche-t-il, amer.
Il en a aussi profité pour innocenter son épouse Grace, accusée d'avoir provoqué sa chute pour avoir voulu lui succéder. "Des balivernes", tranche-t-il.
Revanche ?
En mars, une photo de l'ancien président aux côtés d'Ambrose Mutinhiri, un de ses proches qui vient de claquer la porte du parti au pouvoir, suscite l'émoi à Harare.
Ce Mutinhiri vient de créer un nouveau mouvement, le Front patriotique national (NPF), auquel on ne tarde pas à prêter des ambitions pour les prochaines élections générales.
Il n'en faut pas plus pour que beaucoup y voient le signe précurseur d'un retour politique du "camarade Bob".
Leurs craintes, ou leurs espoirs, sont toutefois rapidement écartés, le NPF n'est qu'un feu de paille. Robert Mugabe est bien à la retraite. Un de ses proches a même refusé de dire à l'AFP s'il voterait lundi prochain.
Avec AFP