"C’est une patate chaude", arguent plus d’un analyste en commentant les épisodes qui se succèdent depuis plus de deux ans sur les accrochages entre chefs religieux autour la désignation toujours attendue du chef de la centrale électorale de la RDC (CENI).
Un dernier ultimatum de 72 heures, en fait un énième, donné par le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’kodia Mpwanga, aux représentants de huit confessions religieuses n'a pas suffi pour les amener à l’unanimité sur la question.
L'ultimatum a expiré ce mardi à minuit.
Les deux camps restent figés sur leurs positions respectives.
Les uns, un groupe de six confessions religieuses, ont déjà fait leur choix en la personne de Denis Kadima, un expert en matière électorale. Ce groupe est constitué de la plateforme des églises dites "de réveil", des Kimbanguistes (adeptes de Simon Kimbangu), des musulmans, de l’Armée du Salut, des indépendants et des orthodoxes.
A l'opposé, il y a les catholiques représentés par la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) et des protestants, l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Bien que majoritaires si on se fie au nombre de leurs fidèles à travers le pays, la CENCO et l'ECC sont mises en minorité par les six autres confessions qui leur opposent la règle de la "démocratie" au sein de la plateforme de dirigeants religieux.
Les catholiques comme les protestants admettent bien les compétences de Denis Kadima mais les contrebalancent avec des critères comme l’indépendance d’esprit et le courage de pouvoir proclamer le "véritable" gagnant de prochaines élections prévues pour 2023.
Ils basent leur argument sur le fait que Denis Kadima est très proche à l’actuel président de la république, Félix Tshisekedi car il était récemment une personnalité-clé dans son cabinet mais aussi car il est originaire de la même zone que ce dernier.
Le groupe de deux derniers voudrait que les chefs religieux jettent aussi un regard sur les autres candidats qui n’ont peut-être pas toute l'expérience de Denis Kadima mais remplissent bien les autres critères.
Tshisekedi en arbitre?
Avant l’ultimatum qui expire, la Cenco et l’ECC en avaient appelé au président Félix Tshisekedi pour qu’il tranche lui-même la question.
Le président Félix Tshisekedi a dit dans une récente interview avec VOA Afrique avoir renvoyé la question à l’Assemblée pour une solution, quitte à intervenir si l’imbroglio persiste.
Cela ressemble bien à une patate chaude que les uns et les autres se rejettent car l’Assemblée nationale n’a déjà pas pu trancher de la question au niveau de ses commissions paritaires.
Ce qui a poussé le chef de la chambre basse à donner un énième ultimatum aux dirigeants religieux. C'est cet ultimatum qui a expiré lundi.
En 2019, le président Tshisekedi avaient dû intervenir pour rejeter la désignation de Ronsard Malonda, un rodé de la CENI, malgré l'aval de l’Assemblée nationale qui avait à l'époque pour majorité le camp de l’ancien président Joseph Kabila.
Le président était intervenu en s'appuyant sur le fait que les confessions religieuses n'étaient pas parvenues à un consensus. La situation est identique cette année et donc il devrait encore trancher, selon le camp de la CENCO et de l'ECC.
La RDC dans l'impasse
La RDC se retrouve quasiment dans le même cas de figure avec les mêmes deux camps de religieux divisés de la même manière.
Les églises ont été secouées avec le renversement de la majorité par Félix Tshisekedi en sa faveur, mais la situation revient au même.
Tous les camps affirment s'opposer à un "glissement" et tiennent aux élections à temps, en 2023. Mais la machine semble grippée.
L'opposition refuse d'envoyer ses représentants à la CENI sans ce consensus.
Sur le terrain, la tension est montée d'un cran: des églises catholiques ont été profanées dans plusieurs localités et l'Eglise du réveil au Congo est quasiment divisée en deux camps.