PARIS (Reuters) - Le procureur de Paris a annoncé jeudi l'ouverture d'une information judiciaire contre X sur des soupçons de viols de mineurs commis par des soldats français en Centrafrique en 2013 et 2014.
Cette décision fait suite à la réception, le 29 avril, d'un questionnaire rempli par la rédactrice du rapport de l'Onu qui faisait état d'abus sexuels présumés, précise le procureur dans un communiqué.
"Après analyse de ce questionnaire, le parquet de Paris a ouvert ce jour, 7 mai 2015, une information judiciaire contre personne non dénommée des chefs de viols sur mineurs de quinze ans par personnes abusant de l'autorité conférée par leurs fonctions et complicité de ce crime", dit-il.
"Les investigations vont désormais se poursuivre sous l'autorité de magistrats instructeurs, afin de parvenir à la manifestation de la vérité quant aux faits dénoncés."
La déclassification d'une enquête interne de l'armée est en cours, a-t-on par ailleurs appris auprès du ministère français de la Défense.
Une enquête préliminaire avait été ouverte à Paris en juillet dernier par le parquet de Paris, sur la base d'un document des Nations unies faisant état d'abus sexuels présumés sur des enfants centrafricains entre décembre 2013 et juin 2014 dans le camp de réfugiés de l'aéroport de M'Poko, à Bangui, sous protection militaire.
Dans cette note confidentielle de l'Onu, six enfants africains âgés de 9, 11 et 13 ans dénonçaient des abus sexuels commis par des militaires français de l'opération Sangaris, entre décembre 2013 et fin mai-début juin 2014. Quatre disaient être des victimes directes.
Quatorze militaires, dont certains sont identifiés, seraient concernés par ces accusations, a-t-on appris la semaine dernière de source judiciaire. Cinq militaires étrangers sont aussi concernés.
Dans le cadre de l'enquête préliminaire diligentée par le parquet, des gendarmes français se sont rendus en Centrafrique en août dernier pour procéder à des vérifications, sans toutefois auditionner des enfants, indique jeudi le procureur.
Le parquet de Paris souhaitait d'abord entendre la fonctionnaire de l'Onu qui a rédigé le rapport qui a lancé l'affaire, mais l'institution internationale a refusé de lever son immunité, préférant qu'elle réponde à un questionnaire, dit-il encore.
Le président François Hollande a promis des sanctions "exemplaires" et dit qu'il serait "implacable" si l'enquête concluait à la culpabilité de militaires français.