Les deux jeunes innovateurs se distinguent en utilisant des ressources recyclées pour améliorer la vie au sein de leur communauté.
Les inventions de Nelio Mazivila et Cleyton Michaque, allant de la réparation d'appareils électroniques à la conception de drones robustes, non seulement améliorent la vie quotidienne dans leurs communautés, mais offrent également des solutions créatives à des problèmes pressants, faisant écho à un potentiel prometteur pour le futur du pays.
Sous l'ombre d'un manguier à Maputo, Nelio Mazivila, 17 ans, a monté un laboratoire improvisé où il répare des appareils électroniques et électroménagers à partir de pièces détachées de vieux équipements. Son aventure dans l'électronique a commencé avec un désir de créer ses propres jouets.
« La plupart du matériel que j'utilise est constitué de débris provenant de vieux téléviseurs et amplificateurs. Mais si j’ai un besoin urgent de matériel, je me rends dans un centre qui vend et achète de la ferraille. A part ça, mes amis et voisins m’ont donné de vieux appareils électroménagers », explique Nelio Mazivila.
L’adolescent explique avoir découvert le potentiel de générer une énergie propre et durable à l'aide d'une simple ampoule et d'une bobine d'induction magnétique, envisageant d'alimenter non seulement son laboratoire et sa maison, mais potentiellement tout son quartier.
« Le plus gros problème du monde aujourd’hui est l’énergie. Nous devons donc créer ces petites sources d’énergie renouvelable pour éviter d’utiliser des carburants, c’est pourquoi je produis ce type d’énergie propre et durable », résume Mazivila.
Il ajoute : « L'appareil est un onduleur qui inverse le courant continu d'une batterie en courant alternatif pour un usage résidentiel. Avec l'appareil que j'ai ici, je peux alimenter 3 à 4 maisons. Mais si on augmente la tension des panneaux photovoltaïques, il faut augmenter le nombre de batteries et augmenter le transformateur. L’appareil peut alors alimenter 3, 4 ou 5 blocs. »
Baltazar Machai, un voisin de Nelio, témoigne : « Ce qu'il fait, ce sont des choses qu'il recherche lui-même, qu'il étudie seul et qu'il met en pratique. J’espère donc que dans quelques années, il sera un scientifique reconnu ici au Mozambique. »
À quelques pas de là, Cleyton Michaque, également 17 ans, a débuté son parcours d'invention en construisant des voitures miniatures et des robots, mais sa passion pour les drones a marqué un tournant.
En utilisant des matériaux recyclés comme le fer et le carton, il a conçu son premier drone, puis a développé un modèle plus robuste et plus rapide, capable d'aider aux missions de sauvetage et à la cartographie des zones à risque, telles que les inondations.
« J'ai vu qu'il existait déjà des drones au Mozambique, du genre de ceux qu'on utilise pour filmer les événements. Mon objectif était d’utiliser des drones dans des endroits difficiles d’accès pour les humains en cas d’inondations », se souvient le jeune homme.
« C'est à ce moment-là que j'ai pensé à rendre les drones indestructibles, flexibles et rapides. C'est aussi à partir de cet instant là que j'ai commencé à rechercher des systèmes 3D, de la fibre de carbone, des moteurs plus efficaces, et j'ai donc commencé à développer le drone », poursuit-il.
Cleyton aspire à propulser ses inventions à un niveau supérieur, tout comme Nelio, qui rêve de résoudre la crise énergétique dans les régions éloignées grâce à ses innovations.
« Les technologies se développent chaque jour. Et ce qui m'a aussi motivé, c'est de ne pas laisser le Mozambique à la traîne en termes de connaissances. Donc, comme j'ai des notions sur ce type de drones et sur les recherches qui sont faites dans d'autres pays, j'ai fini par créer quelque chose qui pourrait montrer qu'au Mozambique il y a aussi des connaissances. Apparemment, ils y prêtent attention, et c'est très bien, car cela aidera le pays à faire un pas de plus », espère l’adolescent.
Michaque Massango, le père de Cleyton, reste optimiste concernant l’avenir de son fils.
« Je constate que chaque jour, à chaque étape, les choses fonctionnent. Mon fils sera très heureux quand, un jour, des gens de bonne foi se rallieront à cette cause. Parce qu'il n'y a rien de mieux que de laisser les jeunes créer, innover et voir des résultats. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront créer davantage et grandir », se réjouit-il.
Bien que ces jeunes n'aient pas reçu d'éducation formelle et ne se soient jamais rencontrés en personne, leur connexion via les médias sociaux les inspire mutuellement. Ils espèrent désormais attirer l'attention des entreprises publiques et privées, ainsi que des particuliers, pour soutenir financièrement leurs projets prometteurs et valoriser leur expertise.
Ensemble, ils montrent que le Mozambique regorge de talents et de savoir-faire, prêts à repousser les frontières de l'innovation locale et à transformer les défis en opportunités.
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