Le scrutin, initié par le président kurde Massoud Barzani, se tient non seulement dans la région autonome du Kurdistan (nord de l'Irak), qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones que se disputent les Kurdes et le gouvernement central irakien.
A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan, Diyar Omar, un employé de 40 ans, est venu voter en habit traditionnel kurde.
"Nous allons obtenir notre indépendance par les urnes et je suis très heureux d'être le premier votant", a-t-il affirmé en arrivant au bureau de vote.
"Je suis très heureux de pouvoir participer de mon vivant à ce scrutin d'indépendance", a-t-il ajouté.
A Erbil, devant le plus important centre vote, une vache a été égorgée avant le début du vote alors qu'une longue file de votants en habit traditionnel attendait l'ouverture des bureaux.
"J'ai apporté cette vache car aujourd'hui c'est la naissance de l'Etat car c'est la tradition d'égorger une vache lors des naissances", a assuré Dalgach Abdallah, un avocat 27 ans.
"Je suis venu très tôt pour être le premier à voter pour l'Etat kurde. C'est une fête aujourd'hui. C'est pour cela que j'ai mis l'habit traditionnel que j'ai acheté pour l'occasion", a déclaré Diyar Aboubakr, 33 ans, un travailleur journalier.
Cette consultation constitue toutefois un pari risqué car le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a clairement fait savoir qu'il prendrait "les mesures nécessaires" pour préserver l'unité du pays.
Des pays voisins comme la Turquie et l'Iran, inquiets de voir leurs minorités kurdes suivre cet exemple, ont aussi menacé de représailles.
Les bureaux de vote doivent rester ouverts jusqu'à 18H00 (15H00 GMT) pour permettre aux 5.375.000 inscrits de se prononcer.
Selon, l'agence kurde Rudaw, Massoud Barzani, souriant et en habit traditionnel a voté tôt ce matin.
Au total, 12.072 bureaux de vote sont installés dans la région autonome du Kurdistan et dans des zones que se disputent les Kurdes et le gouvernement central irakien.
Ainsi, dans la riche province pétrolière de Kirkouk et dans celle de Ninive dans le nord du pays, comme dans celles de Dyala et de Salaheddine, au nord de Bagdad, plus de deux millions d'électeurs sont appelés à se rendre dans les 4.869 bureaux de vote, selon la commission électorale.
A Kirkouk, les mosquées ont lancé du haut des minarets des appels à aller voter.
Les résultats initiaux seront annoncés 24 heures après le scrutin, mais ils ne font aucun doute, la majorité des Kurdes étant acquises à l'indépendance.
Les Kurdes, partagés entre l'Irak, la Syrie, l'Iran et la Turquie, n'ont jamais accepté le traité de Lausanne de 1923 qui les privait d'un État indépendant sur les dépouilles de l'empire ottoman.
Prêt à négocier
Lors d'une conférence de presse dimanche dans sa capitale d'Erbil, Massoud Barzani s'est montré inflexible.
"Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l'indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé", a-t-il martelé d'une voix calme mais ferme.
"Nous nous attendons à des réactions d'un côté ou de l'autre, mais nous en sommes venus à une conviction: quels que soient le risque et le prix, c'est mieux que d'attendre un sombre destin", a-t-il clamé.
Il a toutefois souligné qu'une victoire du "oui" ne serait que le début "d'un long processus" vers l'indépendance et qu'il était prêt à négocier avec Bagdad les frontières de son Etat.
Intervenant au même moment depuis Bagdad dans un discours solennel, le Premier ministre irakien a refusé le divorce.
"Prendre une décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région avec un référendum de séparation est contre la Constitution et la paix civile", a-t-il insisté.
Pétrole en jeu
Un peu plus tôt dans la journée, parmi les pays voisins, l'Iran avait pris une première mesure de rétorsion en interdisant jusqu'à nouvel ordre tous les vols avec le Kurdistan irakien, à la demande du gouvernement de Bagdad.
La Turquie, elle, a déjà averti que les représailles auraient des volets "sécuritaire" et "économique", pendant que son armée a intensifié ses manoeuvres à la frontière.
Le gouvernement irakien a demandé dimanche à tous les pays de ne traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières.
Le Kurdistan produit en moyenne 600.000 barils par jour dont 550.000 b/j sont exportés via Ceyhan en Turquie.
Ces menaces, qui pourraient asphyxier économiquement le Kurdistan, inquiètent les électeurs même si l'entrain est de mise. A Erbil, les drapeaux kurdes flottent partout dans les rues, sur les voitures et
Avec AFP