Le Premier ministre Haider al-Abadi avait pourtant exhorté la veille ses compatriotes ayant prévu de manifester --comme chaque vendredi depuis des semaines-- d'y renoncer alors que les forces de sécurité bataillent pour reprendre aux jihadistes de l'Etat islamique (EI) la ville de Fallouja à l'ouest de Bagdad.
Seif, un manifestant de 23 ans, dit avoir perdu deux frères dans la guerre contre l'EI. "J'espère que nos forces vont finir le travail à Fallouja".
"Mais si ces gens corrompus dans la Zone verte n'étaient pas là, il n'y aurait pas eu de Daech et de guerre contre Daech", assène-t-il en utilisant l'acronyme en arabe de l'organisation ultraradicale.
Depuis des semaines, des Irakiens, pour la plupart sympathisants du chef chiite Moqtada al-Sadr, manifestent tous les vendredi afin d'obtenir notamment la formation d'un gouvernement de technocrates capable de lutter plus efficacement contre la corruption, le népotisme et le clientélisme.
Mais les partis politiques irakiens s'opposent à ces réformes promises durant l'été 2015 par M. Abadi, redoutant la fin d'un système qui leur assure de nombreux privilèges.
Ce vendredi, les manifestants ont fait reculer les forces de sécurité place Tahrir, arraché des barbelés et tenté de faire tomber des blocs de béton bloquant un pont menant à la Zone verte où se concentrent les institutions de l'Etat et des ambassades.
Au début du rassemblement, des manifestants offraient des branches d'oliviers et des fleurs aux forces de l'ordre mais la situation a rapidement dégénéré et les services de sécurité ont répliqué à coup de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
La manifestation a pris fin avec des blessés mineurs rapportés, la plupart des cas de suffocation.
Il y a une semaine, des manifestants étaient parvenus à forcer l'entrée de la Zone verte pour la deuxième fois et à s'immiscer brièvement dans le bureau du Premier ministre. Les forces de l'ordre avaient alors répondu de manière très ferme et fait au moins deux morts et des dizaines de blessés parmi les manifestants.
Ces derniers avaient fait irruption pour la première fois dans cette zone ultrasécurisée fin avril, rencontrant très peu de résistance de la part des forces de sécurité.
Avec AFP