La Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, n'a en revanche pas appelé à un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, où l'armée israélienne mène une offensive meurtrière en riposte à l'attaque sans précédent lancée contre Israël le 7 octobre par le mouvement islamiste.
Israël, qui contrôle toute entrée de l'aide internationale dans la bande de Gaza assiégée, doit prendre "des mesures immédiates" pour permettre la fourniture "de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent", a déclaré la CIJ, qui ne dispose toutefois d'aucun moyen de faire appliquer ses décisions.
La Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a salué "un développement important" qui, selon lui, "isole Israël". Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a jugé "scandaleuses" les accusations de "génocide" à Gaza.
La guerre a plongé le petit territoire dans un désastre humanitaire, provoquant d'immenses destructions et poussant 1,7 million de Palestiniens à fuir leur foyer. Dans le sud de Gaza, où les combats sont les plus intenses, des milliers de civils ont fui ces derniers jours la grande ville de Khan Younès, pilonnée sans relâche par l'armée israélienne.
A Rafah, quelques kilomètres plus au sud, des dizaines de milliers de déplacés s'entassent dans des conditions désespérées, massés dans un périmètre très réduit contre la frontière fermée avec l'Egypte, selon un journaliste de l'AFP. Beaucoup craignent à présent que les soldats israéliens ne poursuivent leur offensive jusque dans cette ville.
"Marée humaine"
L'Afrique du Sud, un pays qui soutient la cause palestinienne, avait saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste. Sans se prononcer sur la question de savoir si Israël commet ou non un génocide, la Cour appelle Israël à tout faire pour "empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d'application" de la Convention.
Plusieurs habitants interrogés par l'AFP à Rafah se disaient reconnaissants envers l'Afrique du Sud d'avoir engagé cette démarche. "J'espère que le tribunal décidera de condamner Israël et mettra fin à la guerre (...) mais je crains qu'au final tout cela soit inutile", affirmait Mohammed Rabia, un homme de 36 ans, déplacé du camp d'al-Chati.
"Une marée humaine est forcée de fuir Khan Younès pour se retrouver à la frontière avec l'Egypte", a affirmé vendredi le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, évoquant "une recherche sans fin de sécurité" pour la population piégée par la guerre.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Quelque 250 personnes ont été enlevées lors de cette attaque et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre durant une trêve en échange de prisonniers palestiniens. En riposte, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26.083 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
Les hôpitaux visés
Selon le ministère, 183 personnes ont été tuées en 24 heures à Gaza, tandis que des combats intenses font rage à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younès, l'un des plus importants du territoire. Le Croissant rouge palestinien a annoncé vendredi que des tirs de chars visaient les abords de l'hôpital Al-Amal assiégé, également à Khan Younès.
"L'occupation israélienne paralyse délibérément les hôpitaux Nasser et Al-Amal, en imposant un siège, en les ciblant et en empêchant le passage des ambulances", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qudra.
L'armée israélienne affirme avoir "encerclé" Khan Younès, la ville natale de Yahya Sinouar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre. Mercredi, des tirs de chars contre un refuge de l'Unrwa abritant des dizaines de milliers de déplacés ont fait 13 morts dans cette ville, selon cette agence.
Après les Etats-Unis, la France a "condamné" ces tirs. L'Allemagne s'est déclaré "extrêmement préoccupée" par la "situation désespérée" des civils à Khan Younès. Les attaques sur des bâtiments abritant des civils "sont odieuses et doivent cesser immédiatement", a déclaré sur X le directeur de l'Unrwa à Gaza, Thomas White.
"Nous avons essayé de sortir, mais quand j'ai regardé dehors, j'ai vu les chars d'assaut tirer. Comment pouvions-nous sortir?", a témoigné à l'AFP sur son lit d'hôpital Ahmad Katra, un Palestinien blessé par ces tirs. "Ils disaient que c'était un endroit sûr, mais en fin de compte, ils nous ont frappés dans un établissement de l'ONU", a-t-il ajouté.
Selon les Nations unies, l'armée israélienne a ordonné l'évacuation de ce refuge avant vendredi 17h00 (15h00 GMT), ce que l'armée a démenti. Parallèlement, le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis tentent une médiation pour parvenir à une nouvelle trêve, incluant la libération d'otages et de prisonniers palestiniens.
Selon le quotidien américain Washington Post et le site d'information Axios, le chef de la CIA William Burns va se rendre en Europe pour y rencontrer ses homologues israélien, égyptien et le Premier ministre du Qatar dans l'espoir de négocier un accord.
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