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Comparution de Netanyahu devant la justice à six semaines des élections


Une manifestation intitulée "Marche de la honte" contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et la corruption gouvernementale dans la ville côtière de Tel Aviv le 23 décembre 2017. / AFP PHOTO / JACK GUEZ
Une manifestation intitulée "Marche de la honte" contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et la corruption gouvernementale dans la ville côtière de Tel Aviv le 23 décembre 2017. / AFP PHOTO / JACK GUEZ

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de nouveau rejeté lundi les accusations de corruption à son encontre lors d'une brève comparution au tribunal de Jérusalem, à six semaines d'élections cruciales pour sa survie politique.

Masque sanitaire noir sur le bas du visage, M. Netanyahu, 71 ans, est resté environ 20 minutes dans la salle d'audience du tribunal de Jérusalem. Il est jugé pour des accusations de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires.

"J'approuve la réponse écrite en mon nom", a déclaré le Premier ministre en allusion à une lettre rédigée par ses avocats et présentée à la justice le mois dernier, selon laquelle le Premier ministre n'est pas coupable.

Détenteur du record de longévité des Premiers ministres israéliens avec 15 ans au pouvoir, M. Netanyahu est le premier chef de gouvernement de l'histoire d'Israël à être jugé alors qu'il est en fonction.

A l'extérieur du tribunal, des dizaines de manifestants ont protesté contre le Premier ministre appelant à son départ. "Dégage", "Tu ne voleras point", peut-on lire sur des banderoles.

"Nous sommes ici pour balayer toute la saleté et toute la corruption qu'il (M. Netanyahu, NDLR) a créé ces dernières années", a déclaré à l'AFP Claudie Manoque, une manifestante. "Netanyahu est un homme corrompu, qui veut établir une dictature en Israël, nous ne le laisserons pas faire".

Au tribunal, l'un des avocats, Boaz Ben Zur, a accusé le procureur général, Avichai Mandelblit, qui avait été nommé par M. Netanyahu, de mal gérer l'affaire.

La reprise du procès a été permise par l'allègement des restrictions anticoronavirus et après un report de l'audience initialement prévue en janvier.

"1.000, 2.000, 4.000"

Benjamin Netanyahu, qui ne bénéficie d'aucune immunité, a dénoncé des charges "ridicules" à l'ouverture en mai 2020 de son procès. Ses avocats avaient demandé à la justice plusieurs mois pour étudier les éléments de preuve contre leur client.

Le Premier ministre est jugé dans trois affaires. Le dossier Bezeq, aussi nommé "Affaire 4.000", où il est accusé d'avoir tenté de s'assurer une couverture favorable par le site Walla contre des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars à Shaul Elovitch, alors patron du géant israélien des télécoms Bezeq, dont Walla fait partie.

M. Netanyahu, qui détenait à l'époque également le portefeuille des Communications, a nié avoir cherché à obtenir une couverture favorable de Walla en échange de son approbation en 2015 à une fusion de Bezeq avec le distributeur de télévision par satellite Yes.

Dans la deuxième affaire, Mediagate ou "Affaire 2.000", il est accusé d'avoir cherché à s'assurer une couverture favorable mais cette fois du quotidien payant le plus lu en Israël, le Yediot Aharonot, en échange d'une possible loi limitant la diffusion du journal gratuit Israel Hayom, son principal concurrent.

Dans le troisième dossier, "l'affaire 1.000", M. Netanyahu et des membres de sa famille sont soupçonnés d'avoir reçu des cadeaux -cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux- pour plus de 700.000 shekels (environ 175.000 euros) de la part de personnalités en échange de faveurs financières ou personnelles.

M. Netanyahu a indiqué avoir reçu une opinion légale d'experts concluant qu'il avait le droit d'accepter des cadeaux d'amis proches et nie avoir octroyé des faveurs.

Impact sur les élections

A l'ouverture de son procès, M. Netanyahu venait de former un gouvernement d'union avec son rival Benny Gantz. Mais depuis les manifestations contre le Premier ministre se sont multipliées et la coalition au pouvoir a éclaté.

Résultat, de nouvelles élections générales sont prévues le 23 mars -les quatrièmes en moins de deux ans- ce qui soulève des craintes quant à un impact du procès sur le vote.

Yariv Levin, président du Parlement et proche de M. Netanyahu, a déclaré dans Israel Hayom craindre une "interférence sans précédent dans les élections" si le tribunal présentait "dès à présent" ses éléments de preuve contre le Premier ministre.

La bataille électorale est d'ailleurs loin d'être gagnée pour M. Netanyahu qui espère rallier une majorité de sièges au Parlement afin d'éventuellement faire voter une loi permettant son immunité judiciaire.

Son parti, le Likoud (droite), reste en tête des sondages avec 29 sièges sur 120, devant le centriste Yaïr Lapid (17) et le frondeur de droite Gideon Saar (14). Mais il n'arriverait toutefois pas à atteindre, avec ses différents alliés, le seuil de la majorité (61).

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