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Jacob Zuma devant la Cour constitutionnelle sud-africaine


Le centre correctionnel d'Estcourt, où l'ancien président sud-africain Jacob Zuma a commencé à purger sa peine de 15 mois pour outrage à magistrat, le 8 juillet 2021.
Le centre correctionnel d'Estcourt, où l'ancien président sud-africain Jacob Zuma a commencé à purger sa peine de 15 mois pour outrage à magistrat, le 8 juillet 2021.

La plus haute cour sud-africaine, la Cour constitutionnelle, doit réexaminer lundi la peine de 15 mois de prison ferme qu'elle a infligée à l'ancien président Jacob Zuma pour outrage à la justice.

Les avocats de M. Zuma avaient écrit mercredi à la Cour pour lui demander de suspendre l'arrestation de M. Zuma, afin d'attendre qu'un tribunal puisse statuer sur son incarcération ou jusqu'à ce que la Cour constitutionnelle elle-même ait entendu la demande de révision de sa condamnation par l'ancien président.

Entre-temps, M. Zuma, 79 ans, s'est constitué prisonnier juste avant l'ultimatum fixé à mercredi minuit. Et le tribunal de Pietermaritzburg (Est) a déclaré vendredi que les arguments de M. Zuma, sur son grand âge et les risques pour sa santé de contracter le Covid en prison, n'étaient "pas étayés".

Ce tribunal a reconnu ne pas être compétent pour contester un jugement émanant de la plus haute juridiction. Mais il a aussi sévèrement dénoncé "l'aventurisme judiciaire" des défenseurs de Zuma -- longtemps surnommé le président "Teflon" en raison de son talent pour échapper à la justice -- qui ont cherché, selon lui, à l'entraîner à "rendre des ordonnances fantaisistes".

Avant cette décision, la Cour constitutionnelle avait déjà accepté d'entendre les arguments de M. Zuma et fixé l'audience à lundi, sans imaginer que ce serait au lendemain de pillages et d'incendies déclenchés en pays zoulou puis à Johannesburg par la nouvelle de son incarcération, sur fond de désespoir économique lié au confinement.

Les avocats du chef d'Etat écarté du pouvoir en 2018, en raison de scandales de corruption, devraient présenter les mêmes arguments sur sa santé. Mais aussi arguer que la prison ferme n'est pas une peine appropriée au regard de l'offense constituée, a précisé la Cour dans un résumé présenté aux médias samedi.

Aucun favoritisme

Jacob Zuma a été condamné pour outrage à la justice le 29 juin après plusieurs refus de témoigner devant la commission chargée d'enquêter sur la corruption d'Etat sous sa présidence (2009-2018).

Il dort depuis jeudi à la prison moderne d'Estcourt, située en pays zoulou près de la chaîne de montagnes des Drakensberg.

Comme tout détenu, Zuma peut prétendre à une libération conditionnelle après avoir purgé un quart de sa peine, soit près de quatre mois. Il ne fait pas l'objet du "moindre favoritisme" en prison, où il est "traité comme n'importe quel autre détenu", sans "gardes du corps ni sécurité particulière", a affirmé le ministre de la Justice Ronald Lamola.

Depuis des mois, Zuma a joué au chat et à la souris avec la commission anticorruption qu'il avait mise en place début 2018 juste avant sa chute, pour tenter de convaincre qu'il n'avait rien à se reprocher.

La tension croissante liée à ses refus de témoigner a conduit à une impasse, alors qu'il a été mis en cause par une quarantaine de témoins devant cette commission consultative, dont les conclusions pourront toutefois être transmises au parquet.

L'ancien président y a témoigné une seule fois, en juillet 2019, claquant rapidement la porte en se disant offusqué d'être traité comme un "accusé" et non comme un témoin. Ont suivi plusieurs rendez-vous manqués, M. Zuma invoquant chaque fois un motif différent.

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