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Kenya : le bilan du "massacre de Shakahola" dépasse les 300 morts


"Le nombre de morts est maintenant passé à 303 après l'exhumation de 19 corps", selon les autorités kényanes.
"Le nombre de morts est maintenant passé à 303 après l'exhumation de 19 corps", selon les autorités kényanes.

Le bilan du "massacre de Shakahola", du nom d'une forêt du Kenya où se réunissait une secte évangélique prônant un jeûne extrême, s'élève mardi à 303 morts, deux mois après la révélation cette macabre affaire qui a scandalisé ce pays très religieux.

"Le nombre de morts est maintenant passé à 303 après l'exhumation de 19 corps", a déclaré mardi la préfète de la région de la côte, Rhoda Onyancha. Ce bilan est encore provisoire et les autorités de ce pays d'Afrique de l'Est redoutent qu'il soit bien plus lourd.

Les recherches de fosses communes sont toujours en cours dans la forêt de Shakahola, zone de "bush" située non loin de la ville côtière de Malindi, où de premières victimes – certaines mortes, d'autres vivantes mais affaiblies et émaciées – ont été découvertes le 13 avril. Depuis, la litanie des découvertes de corps a révélé un macabre scandale, baptisé "massacre de la forêt de Shakahola".

Les investigations ont été étendues au-delà des 325 hectares d'origine pour couvrir désormais près de 15.000 hectares. Plus de 600 personnes ont été déclarées disparues par des proches inquiets. La police estime que la plupart des corps exhumés sont ceux d'adeptes de l'Eglise internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church), secte évangélique créée en 2003 par le "pasteur" autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie, qui prônait de jeûner jusqu'à la mort pour "rencontrer Jésus".

En détention depuis qu'il s'est rendu à la police le 14 avril, cet ancien chauffeur de taxi de 50 ans est poursuivi pour "terrorisme".

Rescapés accusés

Les autopsies pratiquées jusqu'à présent ont révélé que la plupart des victimes sont mortes de faim, vraisemblablement après avoir suivi les prêches de Paul Nthenge Mackenzie. Mais elles ont aussi indiqué que certaines victimes, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées.

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Au moins 35 personnes soupçonnées d'être impliquées ont été arrêtées, selon la police, qui a également comptabilisé 95 personnes récupérées vivantes depuis le début des opérations. Lundi, 65 d'entre elles ont été présentées à un tribunal de la ville de Mombasa pour faire face à des accusations de "tentative de suicide", car elles refusent de boire et manger.

Les procureurs ont demandé qu'elles soient placées en détention, et non plus hébergées dans la localité voisine de Mtwapa, afin qu'elles y soient examinées et contraintes à se nourrir. Une décision du tribunal est attendue jeudi.

"Lieu de mémoire"

Le "massacre de la forêt de Shakahola" a suscité un vif émoi au Kenya et placé les autorités sous le feu des critiques pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur Mackenzie, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes. Il a également ravivé le débat sur l'encadrement des cultes dans ce pays majoritairement chrétien qui compte 4.000 "églises", selon des chiffres officiels.

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Le président William Ruto, lui-même un fervent protestant soutenu par les milieux évangéliques lors de son élection en août 2022, a créé un groupe de travail chargé de "l'examen du cadre légal et réglementaire régissant les organisations religieuses". Les précédentes tentatives de réglementation se sont heurtées à une vive opposition, au nom notamment de la liberté de culte.

Les autorités vont faire de la forêt de Shakahola un "lieu de mémoire", a annoncé la semaine dernière le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, "afin que les Kényans et le monde n'oublient pas ce qui s'est passé".

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