Après ces attaques qui ont fait 14 morts jeudi à Barcelone et vendredi à Cambrils, sur la côte catalane, le Camp Nou a ainsi respecté un minute de recueillement avec émotion avant d'applaudir à tout rompre juste avant le coup d'envoi.
Dans les tribunes, pouvant accueillir 99.354 personnes et apparemment remplies aux deux tiers, les supporters ont scandé en catalan "No tinc por" ("Je n'ai pas peur") tandis que les drapeaux étaient mis en berne.
"J'ai dédié le (premier) but aux victimes et à leurs familles. Nous n'avons pas peur, mais cela doit cesser. C'est une victoire que nous dédions à toutes les personnes affectées", a renchéri Gerard Deulofeu, l'attaquant du Barça après la victoire 2-0 devant le Bétis Séville.
Les joueurs, eux, arboraient donc un brassard noir sur leurs maillots où leurs noms avaient disparu en faveur d'un sombre "Barcelone", également vendu à l'entrée de l'enceinte catalane.
"Normalement, j'achète des maillots sans nom mais là, ça me semblait être le moment idéal pour crier au monde que nous allons continuer à vivre ici, qu'ils ne nous font pas peur", a confié David Berruezo, 27 ans.
De nombreux fans blaugranas ont sorti une bannière arborant en noir et blanc la phrase "jamais personne ne nous vaincra", tirée d'El Cant del Barça, l'hymne du club.
Avant la rencontre, la police régionale de Catalogne avait prévenu que des officiers de police supplémentaires seraient présents. Il a également été demandé aux supporters de se présenter en avance au stade et de ne pas emmener de larges sacs.
La police espagnole traquait encore dimanche un Marocain de 22 ans, l'un des derniers membres encore en fuite d'une cellule qui aurait commis le double attentat à Barcelone et Cambrils. Et la présence policière s'est fait sentir autour du Camp Nou.
"Forcément, on aura un noeud dans la gorge en pensant à tout ce qu'il s'est passé, mais regarder le Bétis nous permet d'oublier", a assuré Jose Fernandez, un chauffeur de bus de 57 ans, vivant à Barcelone mais supporter du club de Séville.
Les joueurs sévillans ont également apporté leur soutien aux victimes, arborant des t-shirts avec le message "le Real Betis avec Barcelone", les dirigeants ayant déposé une gerbe sur les Ramblas, au coeur de la capitale touristique de la Catalogne.
Des billets rendus et remboursés
Certains sièges du Camp Nou sont cependant restés désespérément vides.
"On dirait qu'il y a moins de monde, que c'est plus calme que les autres rencontres. C'est le mois d'août et les gens sont en vacances mais ça se voit", explique Teresa Serra, une infirmière de 53 ans, venue au stade avec un ami.
Après l'attaque de jeudi, certains supporters, notamment des touristes, ont rendu leurs billets.
"Ils ont été remboursés, les circonstances sont spéciales et compréhensibles", a assuré le club, sans préciser le nombre exact.
Mais Maarten Demunster, lui, a refusé de rater ce rendez-vous. "Quand j'ai entendu parler des attaques, j'ai eu peur. Forcément. Pendant deux secondes, je me suis peut-être dit que je n'allais pas venir, mais c'était juste deux secondes", a affirmé ce Belge de 44 ans, qui avait acheté des billets pour voir le match avec son fils.
"Ne pas venir, c'est exactement ce qu'ils veulent", a-t-il ajouté.
Même son de cloche pour Ian Bellamy: "Nous n'avions pas l'intention de venir, on s'est décidés ce matin quand on a vu qu'il y avait encore des tickets", a confié ce Britannique.
"Peur? Non. Après les attaques, la sécurité est toujours plus renforcée", a-t-il souligné.
Sandra Lorenzo, elle, est surprise. "J'aurai cru qu'il y aurait une hystérie collective, mais tout ce que je vois est normal. J'ai travaillé ici pendant 25 ans et à tous les matches. Ils ne vont pas réussir à me faire rester chez moi!"
Avec AFP