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"Je ne voyais pas son âme", témoigne le rabbin de la synagogue attaquée


Le rabbin Yisroel Goldstein, à droite, après sa conférence de presse à la synagogue Chabad, le dimanche 28 avril 2019, à Poway, en Californie.
Le rabbin Yisroel Goldstein, à droite, après sa conférence de presse à la synagogue Chabad, le dimanche 28 avril 2019, à Poway, en Californie.

Face au tireur, "je ne voyais pas ses yeux, je ne voyais pas son âme": le rabbin blessé dans l'attaque de sa synagogue en Californie, qui a fait un mort, a raconté dimanche comment il s'est retrouvé dans la ligne de mire, et a vu des héros sauver des vies.

Yisroel Goldstein venait de sourire dans l'entrée à Lori Kaye, la femme de 60 ans tuée samedi à Poway (sud de la Californie), et allait préparer son sermon pour le dernier jour de la Pâque juive.

Quelques instants plus tard, il entendait "un grand boum", a-t-il dit à la presse. "J'ai pensé que Lori pouvait être tombée ou que la table dans l'entrée s'était renversée".

"Je me retourne et j'ai une vision que je... Indescriptible. Il y a un jeune homme qui se tient avec un fusil, pointé directement vers moi. Et je le regarde. Il portait des lunettes de soleil. Je ne voyais pas ses yeux, je ne voyais pas son âme. Je me suis immobilisé".

Son inquiétude portait sur Lori Kaye, membre de la congrégation qu'il a décrite comme d'un "amour inconditionnel". Mais impossible de la rejoindre: "d'autres coups de feu m'ont visé". Le rabbin a été touché en levant les mains, et a perdu l'index droit, malgré quatre heures d'opération pour tenter de le sauver.

Blessé, il s'est précipité dans la salle à manger où jouaient des enfants, y compris sa petite-fille de quatre ans, pour les faire sortir de la synagogue. Un autre homme a fait de même, Almog Peretz, "ancien combattant" israélien selon Yisroel Goldstein.

C'est à ce moment-là que l'arme s'est enrayée, poussant d'autres à se ruer sur le tireur, qui prenait la fuite.

- "Combattre l'obscurité" -

Deux autres personnes ont tenté de l'en empêcher: Oscar Stewart, ancien soldat américain en Irak, qui a couru après lui jusque dans la rue, et Jonathan Morales, garde-frontière qui n'était pas en service, et nouveau venu dans la communauté après avoir découvert ses racines juives.

"On m'a dit que je pourrais avoir sauvé des vies. Je n'y ai jamais songé, je pense, j'ai simplement fait ce que toute personne... J'ai fait ce que j'ai fait. Je ne suis pas un héros ou quoi que ce soit, je l'ai juste fait", a déclaré Oscar Stewart à la presse.

Jonathan Morales a "vidé son chargeur" et touché la voiture du tueur "quelques fois", selon le rabbin.

Pendant ce temps, à l'intérieur, "après le départ du tireur, le départ du terroriste, je me retourne et évalue la situation, et je vais vers l'entrée et vois Lori allongée par terre, inconsciente".

"Et son mari adoré, un frère pour moi, essaye de la réanimer. Et il s'évanouit et se retrouve allongé par terre à côté de sa femme. Et là leur fille Hannah arrive en criant: Papa, Maman, qu'est-ce qui se passe? C'était la chose la plus déchirante que je puisse voir".

Le tireur avait également blessé à la jambe une fille de huit ans, Noya Dahan, légèrement puisqu'elle est rapidement sortie de l'hôpital, de même qu'Almog Peretz, peu atteint lui aussi.

Le rabbin, qui a remercié le président Donald Trump de lui avoir téléphoné, a appelé à dépasser la haine.

"Nous devons combattre l'obscurité par la lumière: aussi sombre que soit le monde, il faut penser à la lumière. Un peu de lumière repousse beaucoup d'obscurité. Beaucoup de lumière en repousse encore plus", a-t-il lancé. "Nous devons leur montrer que le terrorisme, le mal ne prévaudront jamais. Remplissons les synagogues, tenons-nous droit, dansons ensemble".

Avec AFP

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