Les 8es jeux de la Francophonie (du 21 au 30 juillet) mettent en lumière des disciplines atypiques comme le jonglage avec ballon de foot. Dix équipes ou solistes s'affrontent à Abidjan et, si on peut discuter du caractère sportif de certaines épreuves, le show est au rendez-vous pour des centaines de spectateurs enthousiastes.
Les styles et la musique varient: looks et musiques plus hip-hop pour les Français, Libanais, Marocains et Canadiens, tenues sportives et tubes continentaux pour les Africains.
Au milieu, un "ovni": Pham Viet Cuong, du Vietnam, qui présente un numéro de cirque sur une échelle et jongle... avec les mains, aux côtés d'une assistante en talons.
L'exemple de Maradona
Les juges doivent noter la créativité, le contrôle, le style, l'esprit d'équipe (pour les groupes), l'impression générale mais aussi la réaction du public, explique à l'AFP l'un des quatre juges, le Camerounais Luc Yatchokeu.
A l'applaudimètre, c'est sans conteste Ignace Kassio, et son maillot ivoirien, qui emportent les suffrages. Associant prouesses techniques, facilité et humour, il met le public dans sa poche.
"Je travaille tous les jours, je m'entraîne. Il faut garder le contact avec le ballon sinon c'est pas bon", confie Ignace, originaire de Duekoué (ouest) et qui compense aisément sa petite taille et un bras droit atrophié et paralysé.
"Mes parents m'ont dit que j'étais né comme ça. Les gens disaient que je ne pouvais pas faire mieux qu'eux, alors je me suis dit que si je travaillais, ça pouvait être intéressant pour tout le monde", explique Ignace, 25 ans, qui assure s'être inspiré de la star argentine Diego Armando Maradona, virtuose des jonglages, qu'il a vu jouer avec une balle de tennis.
Pendant sa prestation, Ignace échange le ballon de foot pour cette balle de tennis, sans que le rétrécissement ne lui pose problème. Mieux que Maradona, il réussit à attraper la balle en mordant dedans avec ses dents... Succès garanti auprès du public!
Sa figure avec les coups de postérieur?: "J'ai essayé une fois comme ça et j'ai vu les gens rire. Alors, j'ai +bissé+ (recommencé), et je me suis dit +pourquoi pas enchaîner et donner de la joie aux gens+ ?", rigole le showman qui vit de son art, courant le cachet dans des "mariages, baptêmes, festivals, boîtes de nuit etc..."
"Il doit gagner, c'est sûr", estime Ibrahim Konaté, couturier, maillot de l'Atletico Madrid sur le dos.
Son fils Aboubakar de 9 ans sur les épaules, Traoré Siaka, commerçant, ne rate pas une miette du spectacle. "Je l'ai emmené voir le foot et la lutte hier. Aujourd'hui, le freestyle, c'est sympa", explique-t-il. "Moi, je joue au foot, il y a des bons jongleurs qui ne jouent pas bien et des mauvais jongleurs qui jouent bien" souligne-t-le père de famille.
Agnes Elebie, 21 ans, ancienne gardienne des U20 ivoiriens, championne de Côte d'Ivoire de freestyle, a été séduite par la seule femme en lice: "J'ai bien regardé ce qu'elle faisait. Je veux m'entraîner et faire comme elle pour un jour faire aussi les jeux de la Francophonie".
Avec AFP