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De 8 à 16 ans de prison pour les chefs de la cellule djihadiste en Belgique


Le juge belge Pierre Hendrickx préside le procès de quatre hommes considérés comme les chefs de la cellule jihadiste démantelée à Verviers, Palais de Justice de Bruxelles, le 5 juillet, 2016.
Le juge belge Pierre Hendrickx préside le procès de quatre hommes considérés comme les chefs de la cellule jihadiste démantelée à Verviers, Palais de Justice de Bruxelles, le 5 juillet, 2016.

Des peines de huit à 16 ans de prison ont été prononcées par le tribunal correctionnel de Bruxelles contre quatre hommes considérés comme les chefs de la cellule djihadiste démantelée à Verviers, en janvier 2015, huit jours après l'attaque contre Charlie Hebdo à Paris.

Trois d'entre eux - Souhaib El Abdi, le faussaire, ainsi que Marouane El Bali et Mohamed Arshad, les logisticiens - écopent de 16 ans d'emprisonnement.

Le quatrième, Omar Damache, "relais" de la bande à Athènes et qui "maternait les djihadistes qui montaient et descendaient du front", selon le tribunal, est condamné à huit ans.

Lors du procès, la cellule de Verviers a été décrite par l'accusation comme le "brouillon" des commandos qui ont frappé Paris le 13 novembre dernier.

Le chef de cette cellule était Abdelhamid Abaaoud, futur organisateur des attaques de Paris, un Belgo-Marocain de 27 ans tué cinq jours plus tard dans un assaut policier à Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Le président du tribunal, Pierre Hendrickx, a retracé mardi pendant plusieurs heures le parcours des prévenus, leurs délits, leurs trafics, mais aussi leurs séjours en Europe, en Turquie ou en Syrie.

Il s'est aussi attardé sur les armes retrouvées lors des perquisitions, ainsi que sur la saisie d'"ingrédients" nécessaires à la fabrication de 6 kilos de TATP, l'explosif utilisé par l'organisation Etat islamique (EI), qui a revendiqué les attentats de Paris.

"Ces éléments ne laissent aucune place au doute quant au fait que la cellule de Verviers fomentait un attentat", a affirmé le président du tribunal.

Ce dernier a évoqué des projets d'"attentats terroristes à l'aide d'explosifs et d'armes automatiques, notamment à l'aéroport de Zaventem" à Bruxelles, lieu même où, le 22 mars, deux jihadistes ont activé leur gilet explosif, provoquant la mort de 32 personnes avec un troisième kamikaze dans le métro de Bruxelles.

Les peines prononcées mardi sont proches de celles réclamées le 19 mai par le procureur fédéral Bernard Michel à l'issue de deux semaines et demie de procès.

"C'est une peine trop lourde par rapport aux faits", a cependant réagi Xavier Carrette, l'avocat de Souhaib El Abdi, qui reconnait être le "faussaire" de la bande, mais que le tribunal considère comme "un des personnages les plus impliqués".

Sa condamnation "tient compte du contexte postérieur aux faits et surtout de l'absence d'un homme, à savoir Abdelhamid Abaaoud", a regretté l'avocat, considérant les quatre principaux condamnés, tous présents mardi à l'audience, comme "des boucs émissaires".

L'ombre d'Abaaoud, dont le tribunal a souligné "l'étonnant prestige et l'autorité dont il jouissait" sur les prévenus, a en effet plané sur les débats.

Le 15 janvier 2015, un spectaculaire assaut des forces spéciales belges contre une maison du centre de Verviers, dans l'est de la Belgique, s'était soldé par la mort de deux jihadistes rentrés de Syrie: Sofiane Amghar et Khalid Ben Larbi.

Un troisième homme présent dans la planque de Verviers, Marouane El Bali, avait été interpellé sur place. Il avait été renvoyé en correctionnelle, comme 15 autres membres présumés du groupe, dont neuf ont toutefois été jugés par contumace.

Ces derniers ont été condamnés à des peines allant de cinq à sept ans de prison.

Deux autres prévenus étaient présents mardi: Ismaël El Abdi, accusé notamment d'être allé chercher son frère Souhaib en Syrie, écope de 30 mois de prison et Abdelmounaim Haddad est condamné à trois ans.

"C'est humainement normal que l'ombre (des attentats) de Bruxelles plane sur ce prononcé", a commenté Nathalie Galant, l'avocate de M. Haddad. "Maintenant, ce jugement recèle beaucoup d'hypothèses et les hypothèses ça ne suffit pas pour condamner", a-t-elle déploré.

Trois mois après les attentats du 22 mars, la Belgique continue à vivre sous la menace de nouvelles attaques. Deux hommes ont été arrêtés à Verviers et Tournai (ouest) le 25 juin et inculpés de "participation aux activités d'un groupe terroriste".

Une semaine plus tôt, trois hommes avaient été inculpés pour tentative d'assassinat dans le cadre d'une autre opération antiterroriste qui s'était traduite par des dizaines de perquisitions.

Avec AFP

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