Piscines et clubs de natation sont quasi inexistants en Libye, et le budget de la Fédération reste limité dans cet Etat déchiré par les conflits depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
"Ce sera un honneur et un privilège pour moi de représenter mon pays à Rio (...) et je m'y prépare en travaillant dur", a confié à l'AFP Daniah, qui participera aux épreuves du 100 m brasse.
A 17 ans, ce sera sa première participation aux JO. En 2015, elle a remporté trois médailles d'or lors d'une compétition internationale au Qatar et elle a réussi à se qualifier pour les Championnats du monde à Kazan en juillet-août, même si elle n'a pas dépassé les séries.
Si Daniah a pu se hisser au top niveau, elle le doit à la décision de ses parents de s'expatrier à Malte dans les années 1990.
C'est dans cette île méditerranéenne qu'elle a commencé à nager à l'âge de quatre ans avant de débuter en compétition à 13 ans.
Bousculer les mentalités
"Daniah est la seule nageuse représentant la Libye dans des compétitions internationales et elle peut le faire parce qu'elle réside hors de Libye", explique à l'AFP son père Bachir.
Lui et sa femme Samira, Libyenne elle aussi, ont toujours encouragé Daniah dans sa carrière de nageuse, avec l'espoir que les mentalités changeront dans leur pays.
"La natation féminine est une nouveauté pour la Libye. Certains n'y voient que des difficultés (...) mais c'est par les parents que ça doit commencer, c'est à eux de bousculer les mentalités, d'encourager et de soutenir leurs filles. (...) C'est avant tout l'obstacle culturel qu'il faut supprimer", estime Samira.
Si la presse libyenne parle peu de Daniah, son histoire et son exemple sont largement mentionnés sur les réseaux sociaux par les Libyens, qui préféreraient voir le nom de leur pays associé à une médaille olympique plutôt qu'à la guerre.
Après avoir débuté l'entraînement à Malte, Daniah a intégré l'internat Mount Kelly en Angleterre, "parce qu'ils ont un programme dédié à la natation sous la direction de Robin Brew", ex-athlète olympique devenu son "mentor".
Avec en ligne de mire le rêve des jeux Olympiques, elle se lève tous les jours très tôt pour faire ses longueurs avant ses cours, puis s'entraîne des heures avec son coach maltais quand elle est de retour chez ses parents pour les vacances.
"Je ne pouvais m'empêcher de penser, en suivant les épreuves de natation aux jeux Olympiques de Londres en 2012, (...) combien ce serait merveilleux si je pouvais représenter la Libye aux prochains JO", se souvient Daniah.
Pourtant, même après avoir attiré l'attention du Comité olympique libyen, Daniah réalise qu'à cause de la situation dans ce pays, les financements pour la soutenir seront limités.
Son entraînement, ses déplacements et ses soins sont principalement à la charge de ses parents. Une holding libyenne, HBGroup, s'est aussi engagée dans l'aventure.
Et en un mois, sa campagne de financement participatif "Help fund Daniah's Olympic Dream!" ("Aidez à financer le rêve olympique de Daniah!") a largement dépassé son objectif, avec plus de 6.800 euros collectés.
Quête d'excellence
Daniah cultive aussi d'autres passions en dehors des bassins.
"J'aime depuis toujours les mathématiques et le dessin et, ayant récemment découvert une passion pour la photographie, (...), la combinaison des trois m'ouvrira le chemin vers une carrière d'architecte", dit-elle.
Elle "a hâte" de rencontrer d'autres sportifs libyens à Rio. Seul un autre compatriote, Ahmed Attellesey, sera en compétition en natation, sur le 50 m nage libre. Comme Daniah, il s'entraîne à l'étranger, en Suède.
La Libye a participé dix fois aux JO mais n'a jamais remporté de médaille, à l'exception d'une en bronze aux jeux Paralympiques. Seules quatre Libyennes ont concouru en natation avant Daniah: Soad et Nadia Fezzani en 1980, Amira Edrahi en 2004 et Asmahan Farhat en 2008.
Avec AFP