VOA Afrique : Qu’est qu’on peut faire en trois jours qui n’a pas déjà été fait ou qu’est-ce qu’on peut faire en plus?
Karim Meckassoua : C’est le véritable problème auquel on est confronté depuis longtemps. J’ai dénoncé les manœuvres dilatoires du gouvernement de transition. J’ai dénoncé ceux qui commençaient à parler de la troisième transition, parce que tout ça ce sont des manœuvres pour proroger malheureusement la souffrance du peuple. Hors la communauté internationale est lassée de nos tergiversations, de nos hésitations, de nos petits jeux personnels et on ne compte pas sur la population. Alors je me suis dit tant qu’à faire, mettant tout en œuvre pour sortir de cette transition qui n’a que trop duré. Et même si on prolongeait de trois semaines, de trois mois, il y aurait toujours quelque chose. Ma conviction c’est que ces élections, ce seront peut-être des élections acceptables, mais elles ne seront pas des élections idéales, mais dans tous les cas il faut sortir de cette transition parce qu’à force de lasser les gens nous risquons complètement de sortir de la tête des gens et il y a d’autres agendas internationaux et les bailleurs attendant pour nous aider, mais si on tarde, d’autres seront plus promptes à obtenir ces dons-là.
VOA Afrique : Est-ce que le 30 décembre est pour vous une date crédible, tenable, n’est-il pas possible que ce soit à nouveau reporté?
Karim Meckassoua : Nous n’avons jamais bâti notre stratégie sur la fraude ou sur l’achat de conscience, on veut faire quelque chose de crédible, on veut que les Centrafricains reprennent gout à la vie, à l’espoir. Nous avons toujours indiqué qu’avec nous, c’est le chemin de l’ Espérance. Qu’est-ce qu’on entend depuis 24 heures? Des cartes qui se vendent comme de petits pains, la fraude est en train de s’organiser. Il n’y a que seuls ceux qui ont une machine pour frauder qui vont se lancer la dedans et peut-être si le gouvernement, si l’ANE (Ndlr, Agence nationale des élections) ne prennent pas les choses à bras le corps, on risque à la fois un énième report mais cette fois-ci pour des raisons de crédibilité du processus.
VOA Afrique : Si demain vous êtes élu à la tête du pays, comment est-ce que vous allez faire pour réconcilier les Centrafricains?
Karim Meckassoua : Quand vous êtes entré en politique en cherchant les mots, en cherchant sur qui vous allez compter, là-vous êtes en retard. Le peuple centrafricain n’est pas un peuple ignorant de qui est qui, de qui a fait quoi. Donc, à partir du moment où j’ai la volonté de réunir les Centrafricains et je l’ai montré pendant plus de 25 années de ma vie publique, alors ce serait plus facile parce que j’ai la conviction et la certitude, et le peuple sera certainement à l’écoute.
VOA Afrique : Vous avez déjà été aux affaires, vous avez déjà été dans le gouvernement, qu’est-ce que votre expérience peut apporter de plus?
Karim Meckassoua : C’est la gouvernance politique. Il n’y a rien de plus grave pour un cadre compétent, formé que de se voir délaissé parce qu’il n’est pas de la bonne famille, pas de la bonne région ou de la bonne religion. Le pays regorge de suffisamment des cadres. Le pays ne demande qu’à exploiter ces cadres-là. Les principales ressources, ce sont les ressources humaines. Meckassoua ne travaille pas pour sa famille, il ne pratiquera pas le népotisme, le tribalisme. Il n’aura pas une politique clientéliste. Il essayera de promouvoir les cadres et d’utiliser les compétences, alors vous verrez, le pays aura un autre visage, une autre image d’un pays apaisé.
VOA Afrique : Si vous êtes élu Président de la République, quel sera votre premier acte?
Karim Meckassoua : C’est pour ça que je veux aller à ces élections et je vais les gagner, la vraie réconciliation, la vraie transition, ce sera celle qui sera élue de cette élection, même si elle n’est pas idéale, mais je lancerai un appel à la réconciliation à tout le monde pour venir travailler ensemble.
Propos recueillis par Tatiana Mossot