La vie reprenait, elle, progressivement à Almaty, la plus grande ville de ce pays d'Asie centrale où les troubles ont été les plus graves.
Les autorités ont rebranché par intermittence l'internet et rétabli progressivement les transports en commun, mais les façades calcinées de bâtiments publics et les carcasses de véhicules brûlés témoignent encore des affrontements.
Lors d'une visioconférence, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a fait le bilan des événements devant son homologue russe Vladimir Poutine et d'autres alliés qui ont déployé plus de 2.000 hommes dans l'ex-république soviétique.
Lui comme le maître du Kremlin ont promis un retrait de ces forces une fois leur mission accomplie, tout en affirmant que les évènements sanglants avaient été orchestrés depuis l'étranger, rejetant l'idée d'un mouvement de contestation sociale ayant dégénéré face à l'ampleur de la misère et de la répression dans ce pays autoritaire de l'Asie centrale ex-soviétique.
Pour le président kazakh, des "groupes de combattants armés" se sont servis du mouvement de colère liés à une hausse des prix du carburant pour agir.
"Leur objectif est apparu clairement: saper l'ordre constitutionnel, détruire les institutions de gouvernance et prendre le pouvoir. Il s'agissait d'une tentative de coup d'Etat", a-t-il soutenu.
"Je n'ai aucun doute qu'il s'agit d'une attaque terroriste, un acte organisé et bien préparé contre le Kazakhstan avec la participation de combattants étrangers de pays d'Asie centrale, y compris d'Afghanistan. Des combattants du Moyen-Orient ont également participé", a assuré dans la soirée Kassym-Jomart Tokaïev, selon un communiqué de ses services après un entretien avec le président du Conseil européen, Charles Michel.
Le bilan humain des troubles, les pires qu'a connus cette ex-république soviétique depuis l'indépendance en 1991, reste inconnu.
Selon M. Tokaïev, le nombre de victimes civiles est "en cours de vérification". Il a fait état de 16 tués et plus de 1.600 blessés au sein des forces de l'ordre, mais le nombre total de morts se compte en dizaines selon les autorités locales.
"Le préjudice économique pour l'Etat pourrait s'établir à deux-trois milliards de dollars", a encore dit le président.
La soudaineté et la violence des émeutes ont conduit le président kazakh à appeler la Russie à l'aide. Un contingent multinational de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance pilotée par Moscou, a été déployé le 6 janvier.
Selon M. Tokaïev, ces 2.030 militaires et 250 véhicules devraient quitter "bientôt" le Kazakhstan, Vladimir Poutine confirmant que ses soldats étaient sur place "pour une période limitée".
"Terrorisme"
Après des jours de pillages, d'échanges de coups de feu ainsi que l'incendie de la résidence présidentielle et de la mairie d'Almaty, M. Tokaïev a assuré lundi que "l'ordre constitutionnel (avait) été rétabli".
M. Tokaïev a assuré que ses forces "n'ont jamais utilisé et n'utiliseront jamais la force militaire contre des manifestants pacifiques".
Le président kazakh doit présenter mardi devant le Parlement la composition du nouveau gouvernement, le précédent ayant été limogé la semaine dernière dans un effort initial pour calmer les protestations.
Vladimir Poutine a également estimé que le Kazakhstan avait fait face à une "agression du terrorisme international", évoquant des "bandes d'hommes armés", disposant "clairement d'une expérience de combat".
M. Poutine n'a pas manqué de blâmer internet et les réseaux sociaux, selon lui utilisés pour "impliquer les citoyens dans des actions de protestation, qui sont un précurseur des attaques terroristes".
Il a ensuite averti que Moscou ne tolèrerait pas de "révolutions de couleur" en ex-URSS, formule récurrente pour décrire des révoltes orchestrées selon le Kremlin par l'Occident dans des pays ex-soviétiques depuis les années 2000.
Une journée de deuil était observée lundi au Kazakhstan.
Les arrestations massives, elles, se poursuivaient avec près de 8.000 interpellations dans tout le pays, selon le ministère de l'Intérieur.
Outre la hausse des prix, les manifestations était également dirigée contre la corruption, endémique, et l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans, qui a régné sur le pays de 1989 à 2019, avant de transmettre les rênes à M. Tokaïev.