Le vétéran de l'opposition, Raila Odinga, a appelé à des manifestations bi-hebdomadaires contre le gouvernement chaque lundi et jeudi, accusant le président William Ruto d'avoir "volé" la présidentielle d'août, d'être "illégitime" mais aussi d'être incapable de juguler la flambée des prix. Ces rassemblements ont été interdits par la police.
Lors de la troisième journée de mobilisation, à Kisumu, dans l'ouest du Kenya, fief de Raila Odinga, un policier "a succombé à ses blessures reçues lors de l'exercice de ses fonctions", selon un communiqué de Japhet Koome, le chef de la police. M. Koome a affirmé que 20 policiers ont été "sérieusement blessés en repoussant des manifestants violents", pointant du doigt également des "hooligans se faisant passer pour des manifestants qui ont envahi des propriétés privées".
C'est également à Kisumu et dans sa région que deux civils ont été tués lors des deux précédentes manifestations, par des tirs présumés de la police. Des enquêtes ont été ouvertes par l'institution chargée de superviser l'action des forces de l'ordre. La communauté internationale et les chefs religieux ont appelé au calme, craignant que la situation ne dégénère en violences ethniques observées après les élections de 2007-2008 qui avaient fait plus de 1.100 morts.
Selon le Media Council of Kenya, qui défend les droits de la presse dans le pays d'Afrique de l'Est, "25 cas d'agressions contre des journalistes locaux et étrangers aux mains d'acteurs étatiques et non étatiques" ont été recensés depuis le début des manifestations le 20 mars. Lundi, la journée a été marquée par les pillages d'une entreprise appartenant à M. Odinga à Nairobi et d'une exploitation agricole propriété de Uhuru Kenyatta, prédécesseur de M. Ruto, dans les faubourgs de la capitale.
Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a assuré que toute personne troublant l'ordre public ferait l'objet de poursuites "quel que soit le parti politique" auquel il se rattache, tout en dénonçant "l'anarchie et la folie criminelle".
De nombreux Kényans luttent pour se nourrir au quotidien, confrontés à la hausse des prix des denrées de première nécessité, à la dépréciation du shilling kényan et à une sécheresse inédite dans certaines parties du pays. En février, l'inflation a atteint 9,2% sur un an, les seuls prix alimentaires ayant augmenté de 13,3%.