Le juge Daniel Ogembo, qui avait décidé mardi de placer en détention préventive ces parlementaires pour éviter qu'ils interfèrent avec l'enquête, a accepté les demandes de libération conditionnelle présentées par les avocats des prévenus.
Les trois députés de la coalition au pouvoir, Jubilee, ainsi que quatre députés et un sénateur de la coalition d'opposition, Cord, ont nié les accusations portées à leur encontre devant le tribunal de Milimani, dans le centre de Nairobi.
La police, en tenue anti-émeute, avait soigneusement sécurisé les abords du tribunal, où s'étaient rassemblés principalement des militants de l'opposition.
Les députés de Jubilee, Moses Kuria, Kimani Ngunjiri et Ferdinand Waititu, sont des soutiens fervents du président Uhuru Kenyatta et membres de son ethnie, les Kikuyu.
Les parlementaires de Cord sont les députés Timothy Bosire, Aisha Jumwa, Junet Mohamed et Florence Mutua, et le sénateur Johnson Muthama.
Le représentant du parquet, Leonard Maingi, a argué vendredi que la libération conditionnelle devrait être refusée aux huit parlementaires, au motif qu'une fois libres ils seraient tentés de commettre à nouveau le même délit.
Mais le juge, tout en faisant valoir qu'il s'agissait d'"accusations graves", ne l'a pas suivi. Il a accordé cette libération conditionnelle à MM. Kuria et Waititu moyennant le paiement d'une caution fixée à 2 millions de shillings (17.300 euros) et une provision de 5 millions (43.200 euros). Pour les six autres, la caution est de 300.000 shillings (2.600 euros) et la provision de 1 million (8.700 euros).
Le juge a précisé avoir autorisé à contrecoeur la remise en liberté de MM. Kuria et Waititu, car ils faisaient déjà l'objet de procédures judiciaires pour des faits de nature similaire.
Les arrestations de ces parlementaires ont fait suite à des semaines de mobilisation dans la rue de l'opposition, emmenée par l'ancien Premier ministre Raila Odinga.
MM. Kuria et Waititu sont accusés d'avoir proféré en public des menaces de mort à l'encontre de M. Odinga, qui appartient à l'ethnie luo. M. Ngunjiri aurait appelé les Luo de la ville de Nakuru (centre-ouest) à retourner dans l'ouest du Kenya, leur terre d'origine.
Du côté de Cord, MM. Mohamed, Muthama et Mme Mutua sont accusés d'avoir incité la population à pénétrer de force dans le quartier général de la police, tandis que M. Bosire et Mme Jumwa auraient prédit le chaos et la violence en raison de l'incapacité, selon eux, du président Kenyatta à unir le pays.
Les élections de 2007 au Kenya avaient débouché sur des violences politiques et interethniques opposant alors principalement les Kikuyu aux Luo et aux Kalenjin, qui avaient fait plus de 1.100 morts.
Des diplomates et observateurs craignent que les tensions politiques et ethniques, déjà élevées dans le pays, ne s'exacerbent d'ici les élections d'août 2017.
Avec AFP