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Massacre de Shakahola au Kenya : le chef de la secte jugé pour "terrorisme"


Paul Nthenge Mackenzie, arrêté en avril 2023, est accusé d'avoir incité ses adeptes à jeûner jusqu'à la mort pour "rencontrer Jésus".
Paul Nthenge Mackenzie, arrêté en avril 2023, est accusé d'avoir incité ses adeptes à jeûner jusqu'à la mort pour "rencontrer Jésus".

Le chef d'une secte évangélique apocalyptique kényane est jugé à partir de lundi pour "terrorisme", après la mort de plus de 400 adeptes dans ce qui a été baptisé "le massacre de Shakahola", une affaire qui a choqué le Kenya et la planète.

Le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie a comparu devant un tribunal de Mombasa, un grand port de l'océan Indien, aux côtés de 94 coaccusés. Les journalistes ont dû quitter la salle peu après le début de l'audience pour permettre à un témoin protégé de s'exprimer.

Au Kenya, un mémorial sur le site du massacre de la secte de Paul Nthenge Mackenzie
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Paul Nthenge Mackenzie, arrêté en avril 2023, est accusé d'avoir incité ses adeptes à jeûner jusqu'à la mort pour "rencontrer Jésus" avant la fin du monde prévue pour 2023. Ces décès se sont étalés sur plusieurs années. Lui et les autres accusés avaient chacun plaidé non coupable des accusations de "terrorisme" au cours d'une audience en janvier. Ils sont aussi poursuivis pour meurtre, homicide involontaire, enlèvement, torture d'enfants et cruauté dans des dossiers séparés.

Dans cette affaire, les restes de plus de 440 personnes ont été exhumés dans un lieu isolé non loin de la ville côtière de Malindi (sud-est). Les autopsies des victimes ont établi que si la plupart sont mortes de faim, certaines, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées.

Selon des documents judiciaires, les organes de certains corps ont été ôtés. M. Mackenzie, un ancien chauffeur de taxi, s'était rendu le 14 avril 2023 à la police. Cette dernière venait d'entrer dans la forêt de Shakahola, une vaste zone de "bush" de la côte kényane, où des fosses communes ont été découvertes.

Des avertissements ignorés

En mars, les autorités ont commencé à rendre les corps de certaines victimes aux familles éplorées, après des mois de travail minutieux et extrêmement lent, faute de moyens, pour les identifier via des analyses d'ADN. Un rapport d'une commission sénatoriale a mi en exergue les "défaillances" de la police et de la justice locales qui n'ont pas empêché les agissements du pasteur, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes.

La Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR) a également affirmé, dans un rapport en mars, que la police avait ignoré plusieurs avertissements concernant la secte, notamment ceux d'une ancienne adepte qui avait publié des appels à l'aide sur Facebook en novembre 2022. "Au lieu d'enquêter sur la véracité des problèmes soulevés, la dame a été intimidée après avoir été accusée de porter des accusations infondées", déplore la KNCHR, soulignant que la police avait en revanche accepté une plainte du pasteur Mackenzie concernant ces messages qu'il disait mensongers.

"Le massacre de Shakahola est la pire faille de sécurité dans l'histoire de notre pays", avait estimé l'an dernier le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki, promettant des réformes pour "maîtriser les pasteurs véreux". Il a annoncé que la forêt de 325 hectares serait transformée en un "lieu de mémoire" dédié aux victimes.

Les seules mesures prises depuis la révélation du scandale ont été la mutation de responsables des services de sécurité. L'horrible affaire a poussé le président William Ruto à promettre de se pencher sur les nombreux mouvements religieux de ce pays d'Afrique de l'Est. Elle a aussi mis en lumière l'échec des tentatives de réguler les églises et les sectes qui flirtent avec la criminalité.

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