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Kenya: trois policiers poursuivis pour le meurtre d'un avocat qui dénonçait des abus de la police


L'avocat Willie Kimani, son client Josephat Mwenda et leur chauffeur de taxi Joseph Muiruri, avaient disparu le 23 juin après une audience au tribunal de Makovo, en banlieue de Nairobi, la capitale kényane.

Trois policiers vont être poursuivis pour le meurtre de trois hommes dont les corps mutilés ont été retrouvés jeudi et vendredi, parmi lesquels un avocat ayant accusé la police de harcèlement et d'intimidation, a annoncé vendredi le chef de la police kényane.

"Il y a des preuves circonstancielles liant trois officiers au meurtre des trois (hommes, ndlr), ils doivent répondre de plusieurs charges, dont meurtre", a déclaré le chef de la police kényane Joseph Boinnet, précisant qu'ils ont été interpellés.

M. Boinnet a confirmé vendredi soir que trois corps retrouvés entre jeudi soir et vendredi sur la rivière Ol Donyo Sabuk, au sud-est de Nairobi, sont bien ceux des trois hommes.

Le client du jeune avocat, M. Mwenda, accusait la police locale de l'avoir harcelé et intimidé afin qu'il abandonne une plainte contre un haut responsable des forces de l'ordre qui, disait-il, lui avait tiré dessus sans raison en avril 2015.

Willie Kimani était spécialisé dans les droits de l'Homme et oeuvrait pour l'organisation américaine International Justice Mission (IJM). Il avait défendu de nombreux prisonniers politiques et des victimes d'abus de l'Etat au Kenya.

"Nos pires craintes sont confirmées. Les avocats et les citoyens sont en danger d'être éliminés par des escadrons de la mort de la police", a déclaré le président du barreau kényan, Isaac Okero. "Il s'agit d'un jour sombre pour l'Etat de droit au Kenya", a-t-il ajouté.

Le corps de l'avocat, aux poignets ligotés et aux yeux qui semblaient exorbités, a été trouvé tard jeudi soir, recouvert par un sac et flottant sur la rivière Ol Donyo Sabuk. Il avait été retrouvé à côté d'un autre, également enroulé dans une bâche.

Le troisième corps, aperçu sur la rivière, a été récupéré vendredi.

"Les corps sont dans un piteux état. Il semble que les victimes aient été abondamment torturées avant d'être tuées", a déclaré Me Duncan Kinuthia, un proche de Willie Kimani, après avoir identifié le corps de ce dernier à la morgue.

Neuf ambassadeurs occidentaux, dont ceux des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, se sont dit "profondément préoccupés", dans un communiqué commun, par la disparition et le meurtre des trois hommes. "Les défenseurs des droits humains jouent un rôle primordial dans la promotion de ces droits".

"Les responsables doivent être poursuivis, qu'ils soient des civils ou des policiers", ont-ils ajouté : "la poursuite de policiers pour des violations des droits humains (...) est vitale pour mettre fin à l'impunité au sein des forces de police".

Mercredi, à la veille de la découverte macabre, des avocats kényans avaient manifesté devant la Cour suprême. Onze organisations de défense des droits de l'Homme avaient par ailleurs accusé la police, dans un communiqué, d'avoir enlevé les trois hommes.

"Il y a des éléments de preuves convaincants indiquant que Willie et ses collègues ont été détenus illégalement au commissariat de Syokimau pendant un certain temps", souligne le communiqué.

Par le passé, la police kényane a souvent été accusée de mener des opérations dans l'ombre contre des personnes enquêtant sur les abus perpétrés par ses membres.

Au sujet des trois policiers arrêtés, M. Boinnet a assuré : "Leur comportement n'est pas représentatif de la police nationale, je rejette les affirmations selon lesquelles il y a des escadrons de la mort au sein de la police".

Avec AFP

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