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Un tribunal kenyan prolonge la suspension du déploiement de policiers en Haïti


Des ONG de défense des droits humains soulignent que la police kényane a l'habitude de recourir à la force, parfois létale, contre des civils.
Des ONG de défense des droits humains soulignent que la police kényane a l'habitude de recourir à la force, parfois létale, contre des civils.

Un tribunal kényan a prolongé mardi une décision de justice suspendant le déploiement d'un millier de policiers en Haïti, plongé dans le chaos et la violence des gangs, dans le cadre d'une mission soutenue par l'ONU.

Le pays des Caraïbes connaît de "nouveaux records" de criminalité, a alerté lundi l'ONU, trois semaines après avoir donné son feu vert au déploiement d'une mission multinationale non-onusienne dirigée par le Kenya pour venir en aide à la police haïtienne. La décision du gouvernement kényan de déployer des policiers en Haïti a suscité de nombreuses interrogations et critiques dans ce pays d'Afrique de l'Est.

La Haute cour de Nairobi avait suspendu le 9 octobre cette décision dans l'attente de l'examen d'un recours déposé par l'avocat et opposant Ekuru Aukot, qui soutient que ce déploiement est inconstitutionnel.Initialement prévue mardi, l'audience sur le fond a été repoussée au 9 novembre.

"Cette cour a été saisie de cette affaire avant tout le monde et cela n'aurait aucun sens d'annuler ou de laisser expirer les ordonnances provisoires", a justifié le juge Enock Mwita. Les détails de la mission en Haïti, soutenue les Etat-Unis, ne sont pas encore finalisés et le Parlement ne l'a pas encore votée, comme l'exige la constitution.

Le gouvernement kényan a affirmé le 13 octobre avoir "ratifié" le déploiement et avoir envoyé le texte au Parlement. Mais selon M. Aukot, cette annonce constitue un outrage au tribunal. "Ils (le gouvernement) font du nettoyage et demandent des approbations après que nous ayons obtenu l'injonction du tribunal", a-t-il souligné.

Le gouvernement kényan essuie de vives critiques pour son choix d'envoyer des policiers en Haïti, pays hautement instable et dangereux. Des ONG de défense des droits humains soulignent que la police kényane a l'habitude de recourir à la force, parfois létale, contre des civils, ce qui constitue un risque majeur dans un pays où de précédentes interventions étrangères ont été marquées par des violations des droits humains.

D'autres détracteurs considèrent qu'elle n'est pas suffisamment formée pour affronter des gangs lourdement armés et connaissant parfaitement le terrain. Le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a assuré le 12 octobre que le gouvernement "n'envoie pas (ses) policiers en Haïti comme des cobayes".

Le Kenya a déjà participé à plusieurs opérations de maintien de la paix dans des pays voisins (RDC, Somalie) et dans diverses parties du monde (Liberia, Timor oriental, ex-Yougoslavie...).

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