Le 21 octobre, Khartoum avait encouragé les Etats africains à suivre l'exemple de l'Afrique du Sud qui avait annoncé son retrait de ce tribunal international. Deux autres pays, le Burundi et la Gambie, ont également décidé de se retirer.
Le président Kenyatta, qui avait été lui-même objet d'une enquête de la CPI pour des violences post-électorales en 2007-2008, a été accueilli à l'aéroport de Khartoum par son homologue Omar el-Béchir. Ce dernier est recherché par ce tribunal international pour crimes de guerre dans le conflit au Darfour qui a fait depuis 2003 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l'ONU.
"La visite du président Kenyatta intervient à un moment important", a déclaré le ministre d'Etat soudanais pour les Affaires étrangères, Kamal Ismaïl.
MM. Kenyatta et Béchir doivent discuter du possible retrait du Kenya de la CPI alors que le Soudan n'est pas signataire du traité de Rome, fondateur de la CPI, selon des responsables soudanais.
A la question de savoir si le Kenya allait se retirer de la CPI, M. Ismaïl a répondu: "Il s'agit là d'une question propre au Kenya. Quand décidera-t-il de se retirer, c'est une chose que le Kenya décidera".
Fin 2014, la CPI avait prévu un procès contre M. Kenyatta, mais le procureur avait finalement abandonné les poursuites, faute de preuves suffisantes concernant les violences post-électorales de 2007-2008.
En 2015, l'Afrique du sud s'était retrouvée au coeur d'une vive controverse à l'occasion de la visite à Johannesburg de M. Béchir pour un sommet de l'Union africaine. Pretoria avait alors refusé d'arrêter le chef de l'Etat soudanais, expliquant qu'il bénéficiait, de part sa fonction, d'une immunité.
C'est précisément cette affaire qui a justifié la décision de Pretoria de se retirer de la CPI.
"Toutes les affaires soulevées par la CPI visent des pays africains (...), jamais un pays européen ou Israël, malgré les crimes qu'ils commettent", a déploré la semaine dernière le conseiller du président soudanais Ibrahim Mahmoud.
Depuis son entrée en fonction en 2003, la CPI a ouvert dix enquêtes, dont neuf dans des pays africains. Certains leaders africains ont dénoncé une "sorte de chasse raciale".
Avec AFP