Les diplomates qui se sont rendus lundi dans la capitale nord-coréenne sont les plus hauts responsables du Sud à franchir la Zone démilitarisée (DMZ) en plus de 10 ans, un voyage qui intervient dans la foulée d'un remarquable rapprochement à la faveur des jeux Olympiques de Pyeongchang.
L'agence officielle nord-coréenne KCNA a annoncé que M. Kim avait "accueilli chaleureusement" les Sud-coréens, qui lui ont remis une lettre de M. Moon.
"Après avoir entendu l'émissaire spécial évoquer les intentions du président Moon Jae-In au sujet du sommet, il a eu un échange de vues (avec eux, ndlr) et a donné son approbation", a indiqué KCNA.
Mais Séoul s'est empressé d'indiquer qu'aucun accord n'avait été conclu en vue d'un sommet qui serait une première depuis 2007.
"Ce n'est pas un accord, ce sont des discussions", a déclaré à l'AFP un responsable de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne, ajoutant que les deux parties avaient "d'une certaine façon échangé" sur d'autres points.
Les discussions entre M. Kim et les émissaires sud-coréens ont duré plus de quatre heures, notamment autour d'un dîner autour d'une grande table ronde à la nappe rose au siège du Parti des travailleurs à Pyongyang.
Les détails de cette visite seront rendus publics mardi après le retour de la délégation, a précisé le Sud.
Le Rodong Sinmun, organe du Parti des travailleurs, consacre mardi toute sa "une" à la visite, sous le titre: "Le Camarade Kim Jong Un reçoit les envoyés spéciaux du président du Sud".
La photo principale montre le leader nord-coréen avec les cinq responsables sud-coréens de la délégation. Le journal publie en "une" sept autres photos des discussions, et davantage d'articles en pages intérieures. La soeur du leader, Kim Yo Jong, apparaît assise à sa gauche.
Les JO qui se sont achevés le 25 février ont permis un remarquable rapprochement entre le Nord et le Sud après deux années de fortes tensions liées aux programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord.
Le point d'orgue de l'offensive de charme nord-coréenne fut la venue au Sud de Kim Yo Jong, marquant la première visite d'un membre de la dynastie régnante de Pyongyang depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.
M. Moon a cherché à se servir des JO pour ouvrir le dialogue entre le Nord et Washington dans l'espoir d'apaiser les tensions sur le nucléaire.
Lors de sa venue, Kim Yo Jong avait remis à M. Moon, de la part de son frère, une invitation à venir participer à un sommet à Pyongyang.
Dénucléarisation
Le président sud-coréen s'était cependant abstenu de répondre tout de suite, expliquant qu'il fallait d'abord mettre en place les bonnes "conditions" pour le dialogue.
Faisant fi de nombreuses sanctions, le Nord a mené l'an passé son essai nucléaire le plus puissant à ce jour et multiplié les tirs de missiles, dont certains capables de porter le feu nucléaire sur le territoire continental américain.
Le climat a également été envenimé par les échanges d'insultes personnelles et de menaces apocalyptiques entre le président américain Donald Trump et M. Kim. Le premier qualifiait le second de "petit homme fusée" en vantant la taille de son bouton nucléaire, le dirigeant nord-coréen traitant l'occupant de la Maison Blanche de "malade mental gâteux".
Si la Corée du Nord se dit prête à discuter avec les Etats-Unis sans préconditions, elle soutient aussi qu'elle ne renoncera pas à ses armes nucléaires dont elle s'est dotée, dit elle, pour repousser la menace américaine.
Washington exige de son côté des mesures concrètes vers la dénucléarisation comme préalable à toute négociation.
On ignore si les discussions intercoréennes de Pyongyang ont porté lundi sur la dénucléarisation. "Je l'imagine", a déclaré à l'agence Yonhap un haut responsable de la Maison bleue.
La délégation sud-coréenne compte notamment Suh Hoon, le chef du Service du renseignement de Corée du Sud (NIS), et le vice-ministre de l'Unification de Séoul, Chun Hae-sung, dont le ministère traite des affaires intercoréennes.
Les émissaires sud-coréens sont censés partir mercredi pour Washington afin de rendre compte de ce voyage. Les Etats-Unis viennent d'imposer de nouvelles sanctions unilatérales au Nord, les plus dures à ce jour d'après le président Donald Trump.
Avec AFP