De 3,8% en mai, le taux de chômage a grimpé à 4% en juin, selon les chiffres du ministère du Travail publiés vendredi.
Mais les créations d'emplois ont été plus fortes que prévu à 213.000 alors que les analystes tablaient sur 195.000. Ce chiffre a aussi été révisé à la hausse pour mai à 244.000 contre 223.000 initialement estimé.
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Le salaire horaire moyen, particulièrement surveillé alors que la Fed veut juguler toute accélération de l'inflation, a progressé de seulement 0,2% à 26,98 dollars portant l'augmentation sur un an à 2,7%. Sur le mois, la hausse est inférieure aux anticipations des analystes qui tablaient sur +0,3% comme en mai.
Le nombre de chômeurs a augmenté de 499.000 personnes en juin à 6,6 millions mais a reculé de 400.000 personnes sur un an lorsque que taux de chômage atteignait, lui, 4,3%.
"Les chiffres ne montrent pas encore d'impact de la guerre commerciale", ont souligné par ailleurs les analystes de Pantheon Economics dans une note. L'administration Trump a déclenché une guerre des tarifs avec ses principaux partenaires, notamment la Chine, qui fait craindre aux entreprises un renchérissement des coûts de production et une baisse de leurs exportations.
Ces analystes soulignent que l'emploi dans le secteur manufacturier, le plus exposé à ces tensions, a augmenté de 36.000 personnes, soit le meilleur chiffre depuis décembre.
Selon eux, la hausse du taux de chômage provient essentiellement de la forte hausse de la population active (+601.000 personnes) alors que le taux de participation n'a lui que faiblement progressé de 0,2 point de pourcentage à 62,9%.
La hausse des salaires est, toujours selon Pantheon Economics, "douloureusement lente" ce qui "renforce notre opinion que la Fed ne va pas changer matériellement d'ici décembre sa perception du marché du travail et par conséquent des risques d'inflation".
La banque centrale américaine a déjà remonté deux fois cette année, dont la dernière lors de sa réunion de la mi-juin, son taux directeur qui évolue désormais dans une fourchette comprise entre 1,75% et 2%. Les marchés anticipent deux autres hausses d'ici décembre alors que cinq réunions sont encore au calendrier.
"Les chiffres restent assez solides pour que la Fed continue de resserrer sa politique monétaire, même avec la progression plus faible du salaire horaire annoncée aujourd'hui (vendredi)", estime Jim O'Sullivan, chef-économiste pour les Etats-Unis chez High Frequency Economics.
Pour ses collègues de RDQ Economics, "l'économie est forte si on la juge en termes de créations d'emplois (...) et nous nous attendons à ce que le taux de chômage recule dans la deuxième partie de l'année. Les chiffres (de juin) ne changent pas notre opinion que la Fed va encore relever ses taux deux fois d'ici la fin de l'année dont la prochaine fois en septembre après avoir pris connaissance de deux autres rapports sur l'emploi".
Si les hausses de taux ont pour premier objet de juguler toute accélération de l'inflation, elles ont aussi pour conséquence de ralentir le rythme de croissance de l'économie alors que l'administration Trump souhaite voir celui-ci s'établir durablement au-dessus de 3%.
Sur un an, la hausse des prix s'est établie en juin à 2,8% et de nouveaux chiffres vont être publiés jeudi prochain pour le mois de juillet. Elle semble donc s'établir au-dessus de l'objectif de 2% que s'est fixé la Fed qui s'appuie toutefois sur une autre référence, l'indice des prix basé sur les dépenses de consommation (PCE), dont la hausse sur un an s'est établie en mai à 2,3%.
Ce débat sur la hausse des taux pourrait opposer assez rapidement la Fed et la Maison Blanche. Larry Kudlow, le principal conseiller économique de Donald Trump, a ainsi déclaré la semaine dernière qu'il espérait voir la Fed remonter ses taux "très lentement".
"Mon espoir est que la Fed et sa nouvelle direction comprennent que le fait que davantage de personnes travaillent et que la croissance économique s'accélère ne provoque pas d'inflation", a-t-il déclaré.
Un message qui s'adresse directement au président de la Fed, Jerome Powell, nommé par Donald Trump, alors que la Fed, comme l'a montré jeudi le compte-rendu de sa dernière réunion de juin, s'inquiète aussi des éventuelles conséquences de la guerre commerciale sur l'économie américaine.
Avec AFP