Mardi matin à la Commission électorale nationale autonome (Céna), un des commissaires a confié à l'AFP que l'instance pourrait "officialiser ses premiers chiffres d'ici 48 heures", soit jeudi.
Les premières estimations données par la société civile lundi soir donnait des taux de participation allant de 1,25% à 63,27% selon les bureaux de vote, une "situation inédite", a commenté Fatoumata Batoko, présidente de la plateforme électorale de la société civile.
"Il est probable que le taux de participation reste le plus bas depuis l'avènement du renouveau démocratique" en 1990, a-t-elle poursuivi, lors d'une conférence de presse.
Au total, 206 incidents (destruction et incendie de matériel électoral, accrochages entre militants des partis, populations et force de sécurité publique) ont été signalés, a confirmé Joël Atayi Guèdègbé, expert électoral, également membre de cette plateforme.
On note aussi selon lui, "un blessé grave qui a fini par succomber" à ses blessures.
Pendant ce temps, les voix s'élèvent au sein de l'opinion publique pour dénoncer le faible taux de participation et le silence de la Céna.
"L'heure est grave. Le peuple exige le retour de la démocratie", a confié lundi à la presse l'ancien président Boni Yayi (2006-2016).
"On demande au peuple de se défendre. Les institutions ne sont plus crédibles. (Le président Patrice) Talon marchera sur nos corps", a lancé furieux l'ancien chef de l'Etat.
L'ancien président Nicéphore Soglo (1991-1996) a appelé le président Patrice Talon a "annuler le scrutin", lançant un ultimatum qui devrait se terminer mardi soir.
"Le peuple béninois a apporté dans les urnes, un cinglant désaveu à la parodie visant à réaliser un coup d'état électoral", soutient l'ancien chef d'Etat qui appelle à la résistance.
"Qu'il renonce à la confiscation du pouvoir législatif et à son projet de nomination des 83 députés".
Dans le rang des partisans du pouvoir, le ton est plutôt à la sérénité. "Le peuple s'est exprimé et il n'y a aucune raison valable de remettre en cause le scrutin", a confié à l'AFP un des députés de l'Union progressiste. "Nous défendrons nos sièges une fois qu'ils seront confirmés", menace-t-il.
Plusieurs missions d'observation dont celle de l'Union africaine devaient se prononcer en cours de journée sur les observations faites lors de ce scrutin, marqué par une coupure totale d'internet et l'absence de l'opposition pour la première de fois depuis l'avènement de la démocratie au Bénin en 1990.