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L'ère de la Françafrique est "révolue", assure Macron en visite au Gabon


"Je ne suis venu investir personne. Je ne suis venu témoigner que mon amitié et ma considération à un pays et un peuple frère", a insisté Emmanuel Macron.
"Je ne suis venu investir personne. Je ne suis venu témoigner que mon amitié et ma considération à un pays et un peuple frère", a insisté Emmanuel Macron.

"L'âge de la Françafrique est révolu" et la France est désormais un "interlocuteur neutre" sur le continent, a déclaré jeudi Emmanuel Macron au Gabon où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales, au commencement d'une tournée de quatre jours dans la région.

"Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j'ai parfois le sentiment que les mentalités n'évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j'entends, je vois qu'on prête encore à la France des intentions qu'elle n'a pas, quelle n'a plus", a-t-il dit devant la communauté française du Gabon, en soulignant par ailleurs que la réorganisation militaire française qu'il avait annoncée lundi dans un discours à Paris n'est "ni un retrait, ni un désengagement".

Ces dernières années, la France s'est efforcée de rompre avec la "Françafrique", ses pratiques opaques et ses réseaux d'influence hérités du colonialisme. Mais sur le continent, on reproche toujours à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires.

A Libreville, Emmanuel Macron a offert un présent rare à Ali Bongo
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Le président français participe jeudi à Libreville à un sommet baptisé One Forest Summit, co-organisé par la France et le Gabon et destiné à trouver des "solutions concrètes" pour la conservation des forêts, la protection du climat et des espèces dans un contexte de dérèglement climatique. Une réunion qui n'aura "pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques", ont souligné par avance les organisateurs.

Ils précisent qu'il aura surtout vocation à mettre en application les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat (2015), qui vise la neutralité carbone en 2050, et la COP15 de Montréal sur la biodiversité (2022) tendant à sanctuariser 30% de la planète d'ici à 2030 pour protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.

Le chef de l'Etat français s'est d'abord rendu dans la matinée au parc de l'Arboretum Raponda Walker, l'une des aires protégées du littoral gabonais au nord de Libreville, avant de s'exprimer devant la communauté française du pays à la résidence de l'ambassadeur de France. Il doit participer dans l'après-midi à des rencontres avec des scientifiques, des ONG et des acteurs du secteurs privés au palais présidentiel.


D'autres chefs d'Etats dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) feront aussi le déplacement.

Les présidents français et gabonais concluront le sommet par deux discours en fin de journée. Le One Forest Summit a commencé dès mercredi avec des échanges entre ministres, société civile et experts sur plusieurs thématiques (gestion durable des forêts, biodiversité, financements).

Influence décroissante

La venue d'Emmanuel Macron a été décriée par une partie de l'opposition politique et de la société civile gabonaises, qui l'accusent de venir "adouber" Ali Bongo alors que les gabonais éliront un nouveau président cette année. M. Bongo avait succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, après la mort de ce pilier de la Françafrique qui avait dirigé le pays pendant 41 ans.

Ali Bongo avait été réélu dans des conditions controversées en 2016 et sera probablement candidat à sa réélection cette année. C'est le dix-huitième déplacement d'Emmanuel Macron en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, où l'influence et la présence française sont de plus en plus remises en question.

Depuis 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Mardi, au lendemain du discours de M. Macron sur l'Afrique, le Burkina a également dénoncé un accord d'assistance militaire signé avec la France en 1961, l'année d'après l'indépendance du pays, auparavant colonie française.

Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d'influence française historique.

Emmanuel Macron a exposé lundi depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir. Il a prôné "l'humilité" et encouragé un nouveau partenariat "équilibré" et "responsable" avec les pays africains. Il a également annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel.

Année électorale

Après le Gabon, le président français se rendra en Angola où il signera un accord visant à y développer la filière agricole, puis au Congo et en République démocratique du Congo (RDC).

Il fera ensuite une brève escale à Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso dirige d'une main de fer le Congo depuis près de 40 ans. Une rencontre qui risque là encore d'apparaître à contre-courant de son discours de lundi. Il conclura sa tournée en RDC, ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.

Cette étape peut également s'avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de prendre le parti du Rwanda, au moment où Kinshasa accuse son voisin rwandais de soutenir le "M23", rébellion active dans l'est congolais. Un soutien qui a été corroboré par des experts de l'ONU mais reste nié en bloc par Kigali.

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