La comédienne, qui avait reçu des menaces pour avoir joué dans ce film traitant de la prostitution au Maroc, est arrivée dimanche à Paris, après avoir publié sur les réseaux sociaux une vidéo où elle apparaît avec le visage tuméfié.
Dans cette vidéo, elle affirme avoir été agressée jeudi dernier à Casablanca. Cette agression n'a pas pu être confirmée par des sources officielles au Maroc.
"Au fond, on m'insulte parce que je suis une femme libre. Et il y a une partie de la population, au Maroc, que les femmes libres dérangent, que les homosexuels dérangent, que les désirs de changement dérangent", écrit Loubna Abidar dans cette tribune intitulée "Pourquoi je quitte le Maroc".
La comédienne explique avoir été la cible d'une "campagne de détestation" et d'un "mouvement de haine" sur les réseaux sociaux et dans la population marocaine après la présentation du film au dernier festival de Cannes.
"Pendant des semaines, je ne suis pas sortie de chez moi, ou alors uniquement pour des courses rapides, cachée sous une burqa (quel paradoxe, me sentir protégée grâce à une burqa...)", détaille-t-elle.
Elle revient également sur son agression "par trois jeunes hommes". "J'étais dans la rue, ils étaient dans leur voiture, ils m'ont vue et reconnue, ils étaient saouls, ils m'ont fait monter dans leur véhicule, ils ont roulé pendant de très longues minutes et pendant ce temps ils m'ont frappée sur le corps et au visage tout en m'insultant".
"Much Loved dérangeait, parce qu'il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, parce qu'il donnait la parole à ces femmes qui ne l'ont jamais", estime Loubna Abidar.
"Much loved" avait été doublement récompensé lors du festival du film francophone d'Angoulême, fin août, avec le Valois d'or pour le film, réalisé par Nabil Ayouch, et celui de la meilleure actrice pour Loubna Abidar.
Le film suit le parcours de Noha, Randa, Soukaina et Hlima, quatre prostituées de Marrakech. Sur les écrans français depuis septembre, il devait sortir en salles au Maroc à l'automne, mais avait été interdit préventivement, en mai, par le gouvernement marocain qui avait évoqué "un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine".
Avec AFP