Moins d'un mois après sa prise de fonction, et quelques jours après un revers judiciaire cinglant sur l'immigration, le président républicain de 70 ans a été contraint de se séparer du personnage central de son équipe rapprochée sur les affaires étrangères, qui fut aussi l'un des piliers de sa campagne.
Mis en cause pour le contenu de ses conversations téléphoniques avec l'ambassadeur russe à Washington, Sergey Kislyak, et la façon dont il les avait relatées au vice-président élu Mike Pence, le général Flynn a jeté l'éponge lundi soir.
Si M. Trump a pris la parole plusieurs fois mardi, il ne s'est jamais exprimé sur le sujet qui tenait Washington en haleine.
Son porte-parole, Sean Spicer, a lui reconnu que le président avait été informé par le ministère de la Justice il y a plusieurs semaines déjà sur les interrogations concernant les appels du général Flynn.
Mais, a-t-il assuré, la Maison Blanche a déterminé que le général Flynn n'avait en aucun cas violé la loi. "Ce n'était pas une question de droit, c'était une question de confiance", a-t-il martelé.
Russie, dossier politiquement sensible
Point de détail troublant: Mike Pence n'avait pas été informé par le président et a donc appris l'affaire par la presse jeudi 9 février.
Loin de clore le chapitre sur la nature exacte des interactions entre l'équipe Trump et le Kremlin au cours des mois écoulés, cet épisode spectaculaire pourrait être l'élément déclencheur de nouvelles investigations.
Mardi soir, dans son édition électronique, le New York Times a ainsi affirmé que l'équipe de campagne de Donald Trump avait eu des contacts répétés avec de hauts responsables des services de renseignement russes avant son élection. Le tout serait prouvé par des conversations téléphoniques enregistrées et des registres de conversations téléphoniques.
Le seul membre de l'équipe de campagne du président Trump à être identifié par le quotidien new-yorkais est Paul Manafort, ancien consultant politique en Russie et en Ukraine.
"C'est absurde", a réagi celui-ci auprès du journal: "Je n'ai jamais parlé en connaissance de cause avec des membres des services de renseignement russes. (...) Ce n'est pas comme si ces gens là portaient des badges affirmant: +je suis un agent des services de renseignement russes+", a-t-il ironisé.
Conscient que l'épisode pourrait laisser des traces, après une campagne au cours de laquelle le magnat de l'immobilier avait à plusieurs reprises tressé des lauriers au président russe Vladimir Poutine, l'exécutif a tenté d'envoyer des signaux contraires mardi.
"L'ironie est que le président a été incroyablement ferme face à la Russie", a ainsi affirmé Sean Spicer, à la peine cependant pour appuyer ses dires.
La question est politiquement sensible: la Russie est l'un des rares sujets à provoquer de réelles tensions entre Donald Trump et les élus républicains du Congrès.
"La démission du général Flynn est une indication troublante du dysfonctionnement actuel de l'appareil de sécurité nationale", a souligné le sénateur républicain John McCain.
"Donald Trump doit aux Américains une explication complète sur les interactions de son administration avec la Russie, avant et après l'élection", a de son côté estimé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.
Lors de ses discussions téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie, en décembre, Michael Flynn avait déjà été désigné à ce poste-clé de conseiller à la sécurité nationale, mais l'équipe Trump était encore en pleine période de transition, trois semaines avant de prendre officiellement les rênes du pouvoir.
Entendu par le FBI
Au moment même où l'administration Obama ordonnait des sanctions contre la Russie pour son ingérence présumée dans l'élection américaine, Michael Flynn a-t-il assuré à son interlocuteur qu'il ne fallait pas s'inquiéter et que les relations s'amélioreraient après l'investiture le 20 janvier ?
La Maison Blanche a farouchement contesté que Trump ait pu lui donner de telles instructions: "Non, absolument pas. Non, non, non", a répondu son porte-parole.
Lorsque l'existence de ces conversations téléphoniques avait fait surface au tout début de l'année, l'ancien général avait nié toute évocation des sanctions, avant de revenir finalement sur ses dénégations.
Selon le New York Times, Michael Flynn a été entendu par le FBI dans les jours qui ont suivi la prestation de serment de Donald Trump. S'il s'avérait qu'il avait aussi menti alors à la police fédérale sur le contenu de ses conversations, il pourrait s'exposer à des poursuites judiciaires.
Pour l'heure, le général à la retraite Keith Kellogg a été désigné pour assurer l'intérim. Le vice-amiral Robert Harward, ancien commandant adjoint du Commandement militaire central, et le général David Petraeus, font partie des noms les plus cités pour remplacer Michael Flynn.
Mardi, un autre général, en exercice lui, n'a pas mâché ses mots pour décrire son inquiétude.
"Notre gouvernement continue à être dans une incroyable tourmente", a déclaré le général américain Tony Thomas lors d'une conférence.
Avec AFP