Pour réussir sa révolution numérique, l'Afrique doit d'abord améliorer l'accès de sa population à l'électricité, ont jugé des participants du "Davos pour l'Afrique", forum économique qui se déroule depuis mercredi à Kigali, au Rwanda.
L'électricité demeure un défi majeur sur le continent, plus de 600 millions d'Africains n'y ayant pas accès, ont rappelé certains participants à ce 26e Forum économique mondial pour l'Afrique, venus échanger sur les opportunités représentées par les nouvelles technologies.
"Sans accès à une énergie bon marché, fiable et durable, l'Afrique ne peut pas vraiment tirer profit de la quatrième révolution industrielle", la révolution numérique, a déclaré à l'AFP Kandeh Kolleh Yumkella, ancien sous-secrétaire général des Nations unies.
La transition numérique a déjà commencé, mais "l'Afrique n'a toujours pas participé à la seconde révolution industrielle, qui est simplement de fournir l'accès à l'électricité", a renchéri en conférence de presse Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD).
En septembre, la BAD a dévoilé à Abidjan, en Côte d'Ivoire, son "Nouveau pacte pour l'énergie en Afrique", une initiative qui vise à combler le déficit énergétique du continent d'ici 2025.
Grâce à ce programme, "nous serons capables d'améliorer l'accès à l'électricité des petites et moyennes entreprises, nous serons capables d'améliorer la capacité industrielle de l'Afrique et la compétitivité de l'Afrique sur le marché mondial", a promis M. Adesina.
Le continent africain regorge de ressources potentielles (pétrole, gaz, solaire, hydraulique), mais il manque des politiques publiques capables d'inciter le secteur privé à investir sur le long terme dans des projets énergétiques, selon M. Yumkella.
"Les investisseurs ont été très clairs. Il y a besoin de gouvernements déterminés et de politiques publiques durables et prévisibles sur 10, 20 ans", a-t-il expliqué à l'issue d'une rencontre entre décideurs publics et membres du secteur privé.
"Les gouvernements doivent faire pour le secteur de l'énergie ce qu'ils ont fait pour le secteur de la téléphonie mobile: déréguler, privatiser, encourager" afin d'attirer les capitaux privés, a-t-il plaidé.
Mais l'Afrique n'a pas de temps à perdre si elle veut prendre sa part dans cette révolution numérique. Celle-ci est "une opportunité mais aussi une potentielle menace, si les gouvernements ne relèvent pas le défi" à temps, estime Adam Ikdal, directeur du bureau sud-africain du cabinet de consultance BCG.
"Vous pouvez facilement voir le scénario négatif: l'Afrique, une nouvelle fois exploitée par les pays occidentaux et les entreprises occidentales qui ont beaucoup plus investi dans la quatrième révolution industrielle", estime-t-il, en citant en exemple le monde de l'assurance, très peu développé en Afrique.
Avec AFP