Poursuivi pour détournement de fonds publics, l'édile, 62 ans, attend le jugement "confiant et serein", malgré les sept ans d'emprisonnement requis par le parquet le 16 février, affirme à l'AFP son conseiller politique Moussa Taye.
Ses avocats ont plaidé la relaxe pure et simple, alors qu'une condamnation l'écarterait de l'élection présidentielle, dans moins d'un an, pour laquelle le chef de l'Etat sortant Macky Sall est donné grand favori.
Ce dissident du Parti socialiste, qui l'a exclu en décembre avec d'autres ténors de la "jeune garde" de cette formation de la coalition présidentielle, pour "violences, indiscipline et activités politiques concurrentes" à celle de la direction, impute ses déboires judiciaires à son statut d'opposant.
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"Devrais-je être déchu de mon droit d'être candidat parce que Macky Sall ne veut pas que Khalifa Ababacar Sall devienne son adversaire en 2019 ?", déclarait-il au dernier jour d'audience, le 23 février.
A la barre, il s'est montré souriant, levant le bras pour saluer ses militants scandant son nom à chaque audience et dont certains quittaient la salle, selon eux, pour ne pas entendre l'accusation accabler leur mentor.
"Vous avez obtenu des avances sur la base de fausses pièces" pour acheter "du riz et du mil (qui) n'ont jamais été réceptionnés dans les magasins de la Ville de Dakar. Des repas ont soi-disant été servis à des nécessiteux", lui a notamment lancé un représentant de l'Etat, Félix-Antoine Diome.
Le maire est poursuivi avec sept de ses collaborateurs pour un détournement présumé d'1,83 milliard de FCFA (2,8 millions d'euros) entre 2011 et 2015. Se défendant de tout enrichissement personnel, les prévenus assurent que les fonds litigieux étaient "politiques", à l'usage discrétionnaire des élus.
Homme du sérail socialiste
L'affaire tranche avec l'image de Khalifa Sall, qui avait surpris ses concitoyens en publiant une déclaration de patrimoine en 2009, une première à la municipalité de Dakar.
En 2009 puis de nouveau en 2014, alors qu'il conduisait une liste dissidente de la majorité présidentielle, les Dakarois ont accordé leur confiance à cet homme du sérail, élu député en juillet 2017 malgré sa détention.
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Marié à trois reprises, père d'une dizaine d'enfants, plus souvent habillé en boubou qu'en costume, ce consultant en gouvernance locale et démocratie, ancien professeur de collège en histoire-géographie, est réputé connaisseur de l'Etat et de ses dossiers, qu'il défend avec assurance et d'une voix traînante.
Né le 1er janvier 1956, il commence à militer dans le parti du premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor (1960-1980) à l'âge de 11 ans.
Plus tard, au lycée, il laissera à son ancien professeur de philosophie, Abdoulaye Elimane Kane, le souvenir d'un "élève brillant" qui avait "le courage de ses idées".
Son militantisme est reconnu par ses aînés, ce qui lui vaut en 1983 d'être porté à la tête des jeunesses socialistes, un tremplin vers son premier mandat de député la même année, puis d'adjoint à la Ville de Dakar. De 1993 à 2000, Khalifa Sall sera ministre du président Abdou Diouf (1981-2000).
Et quand son parti perd le pouvoir en 2000, première alternance démocratique de l'histoire du pays, il s'ancre dans l'opposition.
Devenu maire, il multiplie les projets pour paver les rues et embellir la capitale, installer des feux aux croisements, ravitailler les écoliers en lait et fournitures, et fait la chasse aux marchands ambulants du centre-ville.
"Khalifa Sall a pris le risque d'être impopulaire" en s'attaquant à ces électeurs potentiels, affirme à l'AFP Moussa Taye.
A l'international, ses collègues maires, qui lui ont confié les fonctions de secrétaire général de l'Association des maires francophones (AMF) et de président des Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA), lui ont manifesté leur soutien dans l'épreuve judiciaire.
Avec AFP