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L'ancien président burkinabè Thomas Sankara fascine toujours, 29 ans après sa mort


Des Burkinabès tiennent des photos de l'ancien président Thomas Sankara et du premier ministre Isaac Zida à Ouagadougou, le 2 décembre 2014.
Des Burkinabès tiennent des photos de l'ancien président Thomas Sankara et du premier ministre Isaac Zida à Ouagadougou, le 2 décembre 2014.

Certains n'étaient même pas nés quand Thomas Sankara, le "père de la révolution" burkinabè, fut tué le 15 octobre 1987, mais ils restent admiratifs de l'homme qui a incarné un idéal africain.

Environ 3.000 personnes, dont des jeunes de dix pays africains, se sont retrouvés ce weekend au Burkina Faso pour une journée d'hommage à Sankara, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat et assassiné lors d'un autre coup d'Etat qui porta son compagnon d'armes Blaise Compaoré au pouvoir pour 27 ans.

Après un symposium, la manifestation s'est poursuivie avec une marche dans Ouagadougou et un grand concert place de la Révolution, avec de nombreuses vedettes africaines, dont l'Ivoirien Tiken Jah Fakoly, la Malienne Nahawa Doumbia ou le Burkinabè Smockey.

"J'ai grandi avec les discours de Sankara. Dans un Togo transformé en royaume, pour nous, jeunesse du Togo, Sankara est un espoir, il a montré que l'impossible est possible", raconte Jacques Koété.

Ce Togolais de 28 ans porte un tee-shirt jaune avec le visage du "Che africain" sur le devant et la phrase: "Jeunes Africains, fiers d'être Africains" sur le dos.

Les organisateurs ont profité du symposium pour lancer une fondation visant à réunir 5 milliards de CFA(7,5 millions d'euros) pour la construction d'un mémorial sur les lieux de sa mort.

Un de ses soutiens, l'ancien président du Ghana Jerry Rawlings qui a pris la tête de la fondation, a engagé les jeunes Africains à "propager les idéaux de Sankara" en se battant pour la liberté, la démocratie et contre le terrorisme.

Près de trente ans après sa mort, le culte se poursuit. Son héritage a été abondamment revendiqué durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président Compaoré, en octobre 2014.

Pendant ses quatre années au pouvoir de 1983 à 1987, Sankara, président à 33 ans, a symbolisé l'Afrique des jeunes. Grand travailleur, dormant peu, autoritaire, il ne se montrait jamais qu'en treillis et vivait sobrement. C'est lui qui a baptisé le Burkina, Pays des Hommes intègres.

Ses priorités: assainissement des finances publiques, amélioration de la situation sanitaire et désenclavement des campagnes, élévation du taux d'éducation, politique rurale plus proche des aspirations des paysans, indépendance internationale, anti-impérialisme et anticolonialisme.

Sankara 'Patrimoine mondial'

Mais cette politique volontariste a été menée d'une main de fer avec une population surveillée par les "Comités de défense de la révolution" (CDR), facette oubliée de son régime qui n'empêche pas la jeunesse d'idéaliser aujourd'hui son combat et sa vie.

"Thomas était un exemple pour nous, jeunesse africaine. Des dizaines de jeunes sont venus de divers pays africains. Sankara est vivant à jamais", a assuré à l'AFP le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly.

"Thomas Sankara doit être fier là où il est, fier de voir cette jeunesse africaine prendre la relève et s'engager à perpétuer son action", a estimé Fadel Barro, leader du mouvement de jeunesse sénégalais "Y en a marre".

"Il y a un Sankara économique. Il y a un Sankara culturel, un Sankara avant-gardiste, un Sankara de démocratisation du pouvoir, un Sankara de liberté d'expression et de parole, c'est ce Sankara que les jeunes sont venus admirer parce qu'ils ont envie que l'Afrique se développe. Ils ont besoin que l'Afrique soit indépendante. Sankara dépasse le cadre du Burkina Faso, c'est un patrimoine africain et mondial", a-t-il insisté.

Les jeunes veulent aussi "la "vérité et la justice" dans son assassinat.

"J'ai foi en ce que le dossier judiciaire de Sankara évolue sous la pression de la jeunese africaine", a dit le rappeur Smockey, un des leaders du "Balai citoyen", principal organisateur de la manifestation.

"Rien n'empêchera la manifestation de la vérité et de la justice", a promis le ministre burkinabè de la Culture Tahirou Barry promettant le "plein et entier" engagement du gouvernement dans la "réhabilitation" de Thomas Sankara, élevé au rang de "héros national" sous Blaise Compaoré.

Le dossier judiciaire était resté au point mort pendant toute l'ère Compaoré. Au total, quatorze personnes dont Blaise Compaoré et le général Gilbert Diendéré, son ancien bras droit ont été inculpés pour leur implication présumée dans l'assassinat de Sankara.

Avec AFP

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