Le photojournaliste argentin Pablo Tosco a remporté la première place du concours annuel de photographie organisé par la Fondation mondiale de la presse, et ses images figureront dans l'annuaire 2021.
Tosco a confié à VOA que le plus important pour lui est que la reconnaissance de son travail tienne compte de la souffrance des personnes qui lui ont permis d'entrer dans leur monde et de décrire la cruauté de la guerre, l'injustice de la discrimination à l'égard des femmes, le drame des mariages précoces et la douleur de la faim.
Ensemble avec Julia Serramitjana, et l’organisation humanitaire Oxfam, ils ont été témoins des multiples dimensions de la souffrance de Fatima, une Yéménite mère de neuf enfants.
"Fatima a essayé de nous dire et de nous montrer toute l'oppression et la façon dont [les femmes] luttent et se battent pour changer leur réalité ", a déclaré Tosco à VOA Afrique.
Tosco a expliqué que Fatima a ouvert les portes de son monde dans le but de sensibiliser les gens à la situation critique des femmes au Yémen et qu'elle espère que le nouveau gouvernement fera quelque chose pour améliorer leur situation.
En arrivant au Yémen, Pablo Tosco n'avait pas prévu de voir les plaies de la faim qui touchent la population à cause de l’économie locale décadente et du manque d’aide humanitaire internationale.
L'œuvre photographique qu'il a soumise au concours était intitulée "Yémen : la faim, une autre blessure de guerre".
Selon Tosoco "La faim est l'un des problèmes les plus tragiques dont souffre la population du Yémen. Nous parlons de 24 millions de personnes qui ont un besoin profond d'aide humanitaire."
Il a déclaré que la faim "est la deuxième blessure de la guerre", la première blessure venant des armes et des combats.
Cette nouvelle expérience au Yémen a permis à Tosco, de comprendre que le photojournalisme est un métier qui s'exerce collectivement. C’est une collaboration avec le journaliste et les protagonistes de l'actualité.
"Pour moi en particulier, ce serait impossible si je n'avais pas le soutien, la confiance et l'implication des gens au Yémen pour trouver cette histoire. Et le plus important est de pouvoir passer du temps avec eux et d'essayer de comprendre, à travers les yeux de Fatima, la réalité des femmes, en particulier des femmes dans ce contexte", a-t-elle expliqué.
Tosco reconnait qu'"une image vaut mille mots", mais il souhaite que chacune des ses photos suscitent mille questions sur les situations qui conduisent à la douleur que reflètent souvent ses images.
"Pour moi, c'est l'un de mes objectifs", a-t-il déclaré. "J'essaie de partager toutes les questions, tous les doutes, toutes les choses que je rencontre. Je pense que je préfère générer des milliers de questions et pas seulement des milliers de mots."